Le nouveau modèle économique de la Chine lui promet davantage de conflits commerciaux

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Sur une chaîne de production de machines à laver dans une usine de la société chinoise d’électroménager et d’électronique Haier, à Qingdao, dans la province chinoise du Shandong, le 18 février.

Le 8 septembre 2023, le président chinois, Xi Jinping, était en visite d’inspection dans une province du nord-est de la Chine. Le Heilongjiang est emblématique des vieilles industries, une « ceinture de la rouille » chinoise, bien moins dynamique que les deltas du Yangzi et de la rivière des Perles. Là comme ailleurs dans le pays, le marché immobilier est également en berne. Les dépenses d’infrastructures les plus nécessaires, un moteur essentiel de la croissance jusqu’à présent avec la construction d’immeubles, ont déjà été réalisées et le pouvoir central a refusé de planifier de nouvelles lignes de métro à Harbin, la capitale provinciale. Devant les plus hauts cadres locaux, le secrétaire général du Parti communiste chinois allait présenter son concept pour l’avenir de l’économie du pays : « Les nouvelles forces productives de qualité. »

Il est, depuis, repris dans de multiples articles, dans les discours à tous les échelons inférieurs, et expliqué dans le « Xictionnaire » des médias d’Etat. Il s’agit de produire mieux, par le progrès technologique et la science, de réaliser des percées dans les domaines de pointe et de produire plus pour porter l’économie. Le triptyque automobiles électriques, batteries et panneaux solaires est souvent cité en exemple. Les semi-conducteurs, les biotechnologies et l’économie numérique également.

Problème : malgré l’image de nouvelle société du consumérisme que donnent les centres commerciaux de Shanghaï, les Chinois consomment relativement peu. La Chine représente un peu moins de 18 % de l’économie mondiale mais seulement 13 % de la consommation, selon la Banque mondiale, car la plupart des Chinois vivent avec des revenus de pays intermédiaire, ils ne sont pas encore vraiment riches et, faute de matelas social suffisant, ils mettent de côté au cas où. Le marché local ne suffit pas à écouler cette production.

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Solution : les exportations. Mais la deuxième économie de la planète est déjà la première puissance exportatrice et assure 31 % de la production manufacturière mondiale, contre 20 % « seulement » en 2010. En faire davantage impose nécessairement que les autres en fassent moins, lui cèdent de la place, des marchés. « En basculant tout cet investissement vers le secteur manufacturier, on dope la capacité dans une économie pour laquelle la demande est le problème et non l’offre. Le seul moyen de résoudre l’équation est d’exporter. C’est pourquoi le reste du monde, l’Union européenne [UE] en particulier, est si nerveux », analyse Michael Pettis, professeur de finance à l’université de Pékin et chercheur associé au centre Carnegie China.

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