Le « Navire-Avenir », œuvre qui milite pour le sauvetage des migrants en haute mer, fait escale à Paris

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Dessin du projet de catamaran « Navire avenir » devant le Centre Pompidou, à Paris.

Un film, une pièce de théâtre, une installation contemporaine peuvent-ils infléchir l’état du monde ? A la lancinante question sur le rôle de l’artiste, voici une réponse plutôt inédite, qui tient en deux mots : le Navire-Avenir, projet de flotte mondiale conçue pour le sauvetage en haute mer de migrants. Cette œuvre « agissante », qui existe pour l’instant à l’état de maquette (réalisée par l’architecte naval français Marc Van Peteghem), émane d’un collectif réunissant des créateurs, des marins sauveteurs, des réfugiés rescapés, des juristes, des soignants des hôpitaux de Marseille, des étudiants en art, etc. Les deux termes « navire » et « avenir » sont composés des mêmes lettres, comme pour signifier que la traversée de la Méditerranée peut ouvrir sur d’autres lendemains qu’un naufrage.

« Ce sera un catamaran à deux coques, pour une stabilité maximale sur l’eau, d’une longueur de 69 mètres et d’une largeur de 22,5 mètres, détaille, dans un café parisien, l’artiste et docteur en science politique Sébastien Thiéry, l’un des initiateurs du projet, qui doit être présenté lors d’une rencontre publique au Centre Pompidou, à Paris, mercredi 18 octobre, à 19 heures. Il sera doté d’un dortoir modulable, pouvant recueillir 372 personnes, et de différents espaces prévus pour les soins, l’accueil des enfants, etc. Le plan à l’échelle 1 du pont principal du Navire sera tracé sur la place Georges-Pompidou. Et, du 17 au 22 octobre, tous les matins à 11 heures, le public pourra effectuer une visite imaginaire du navire à partir de ce plan. » Le politologue ajoute : « En 2024, nous présenterons la maquette définitive à la biennale de Venise » – même si la lettre qu’il a adressée au Brésilien Adriano Pedrosa, commissaire générale de ladite Biennale en  2024 qui aura pour titre « Etrangers partout », est pour l’heure restée sans réponse.

Pavillon maritime européen

Sébastien Thiéry parle toujours au futur, jamais au conditionnel. Le Navire-Avenir – piloté par l’association du même nom – verra le jour, dit-il, tel un « objet performatif », qui se réalise au fur et à mesure que des actes sont posés. Et quand bien même des obstacles d’ordre juridique, politique et financier existent : le budget de construction est évalué à 27 millions d’euros, et l’air du temps n’est pas à l’accueil, en dépit du discours du pape François, lors de sa visite à Marseille, le 22 septembre, dénonçant le « fanatisme de l’indifférence » face aux « tragédies des naufrages ». Les opposants ne se limitent pas à la fachosphère : des critiques proviennent de militants, à gauche, accusant le collectif de consacrer son énergie à un équipement de pointe, plutôt que de s’attaquer aux politiques migratoires en vigueur.

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