Le Musée d’histoire naturelle de New York ferme ses collections consacrées aux cultures autochtones

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Des gardes du musée redirigent les visiteurs le premier jour de la fermeture des salles d’exposition autochtones des forêts de l’Est et des Grandes Plaines du Musée américain d’histoire naturelle, le 27 janvier 2024, à New York.

En ce vendredi 26 janvier, des enfants venus de Washington Heights, au nord de Harlem, s’enthousiasment devant les galeries consacrées aux Indiens des Grandes Plaines et des Appalaches du Musée américain d’histoire naturelle et remplissent les questionnaires distribués par leur professeur. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils sont les derniers à les admirer. Dès le lendemain, ces galeries seront fermées au public, sans préavis, comme l’a annoncé dans un courrier au personnel le conservateur du musée, Sean Decatur. « Dès ce samedi, nous fermerons deux salles dévolues aux cultures autochtones d’Amérique du Nord : les forêts de l’Est et les Grandes Plaines. »

La décision fait suite à la mise en œuvre en ce début 2024 par l’administration Biden d’une loi de 1990 signée par le président George Bush père (Native American Graves Protection and Repatriation Act, en français « loi sur la protection et le rapatriement des tombes des natifs américains »), donnant un droit de regard aux Américains autochtones sur les œuvres de leurs ancêtres. « La loi reconnaît les droits des descendants en ligne directe, des tribus indiennes et des organisations autochtones hawaïennes sur les restes humains amérindiens, les objets funéraires, les objets sacrés et les objets du patrimoine culturel », précise le texte publié par le ministère fédéral de l’intérieur, qui force les musées à agir après des années de tergiversations. Comme le précise M. Decatur, « les deux salles affichent des artefacts qui, en vertu des nouveaux règlements [fédéraux], pourraient nécessiter un consentement pour être exposés ».

Galeries irrespectueuses

S’y ajoute une autre raison, peut-être la plus profonde : les galeries, inaugurées en 1966 et en 1967, avec leur air suranné, sont au mieux d’un autre temps, au pire irrespectueuses. « Parce que ces expositions sont également gravement obsolètes, nous avons décidé (…) de fermer les salles », explique le conservateur, qui poursuit : « Les salles que nous fermons sont des vestiges d’une époque où les musées comme le nôtre ne respectaient pas les valeurs, les perspectives et même l’humanité partagée des peuples autochtones. Des actions qui peuvent sembler soudaines à certains peuvent sembler attendues depuis longtemps pour d’autres. » La loi ne concerne que les Amérindiens. Ainsi, les expositions consacrées aux autres peuples dits premiers ne sont pas fermées au Musée d’histoire naturelle, hormis une sur Hawaï, Etat fédéré américain.

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Cette décision subite a créé un choc. Il existe en réalité deux sujets : celui proprement dit du Musée d’histoire naturelle, fondé au XIXe siècle aux abords de Central Park, et bien à la peine d’assumer ce qu’il est, avec des expositions vieillies, qui ont fait son histoire, mais qu’il a été incapable de rénover au fil de l’eau. En tant que musée d’ethnologie et non pas musée d’art, il s’est trouvé plus vulnérable aux accusations de colonialisme, d’autant qu’il détient aussi les restes humains de 2 200 Amérindiens, selon le chiffre du New York Times.

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