Le Guyana achète un patrouilleur au constructeur français OCEA

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Le Guyana a acheté un patrouilleur militaire offshore pour 39,5 millions d’euros au constructeur naval français OCEA, a annoncé le ministère des finances guyanien, mercredi 10 avril. Cette acquisition a déclenché une réaction acerbe du Venezuela, qui revendique la région riche en pétrole de l’Essequibo, sous administration guyanienne.

Le navire servira à protéger la zone économique exclusive (espace maritime entre les eaux territoriales et les eaux internationales sur lequel un Etat côtier dispose de l’exclusivité d’exploitation des ressources), à lutter contre la pêche illégale et les trafics, ainsi qu’à découvrir de possibles pollutions, selon un responsable militaire joint par l’Agence France-Presse. « Le prix du navire comprend le coût du navire et de son équipement ainsi que les services intégrés de soutien logistique, y compris la formation, pour une période de cinq ans », a également précisé le gouvernement du Guyana.

Le ministre des affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, avait rencontré le président guyanien, Irfaan Ali, lors d’une brève visite au Guyana à la fin de mars. Les deux hommes avaient notamment abordé la question de ce bateau.

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Ne jamais « recourir à la force »

« La fausse victime Guyana achète un patrouilleur océanique à une société française », a réagi la vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez, sur X. « Le Guyana, les Etats-Unis, ses partenaires occidentaux et son ancien maître colonial [la Grande-Bretagne] constituent une menace pour la paix dans notre région. Le Venezuela restera vigilant », a-t-elle ajouté.

Le différend territorial ancien entre Caracas et Georgetown sur l’Essequibo a été réactivé à la suite du lancement, en septembre 2023, d’appels d’offres pétroliers par le Guyana, puis du référendum organisé en réaction, en décembre, au Venezuela sur un rattachement de l’Essequibo. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777, à l’époque de l’empire espagnol. Caracas estime que l’accord de Genève signé en 1966 – quelques mois avant l’indépendance du Guyana – jette les bases d’un règlement négocié. Le Guyana estime que la frontière entre les deux pays date de l’époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une cour d’arbitrage à Paris. C’est cette frontière qui est en vigueur.

Le Venezuela et le Guyana se disputent l’Essequibo, un territoire riche en pétrole.

La semaine dernière, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a promulgué une loi désignant l’Essequibo comme un nouvel Etat vénézuélien, tout en dénonçant l’installation de « bases militaires secrètes » des Etats-Unis. Georgetown estime que cette loi est « une violation flagrante des principes les plus fondamentaux du droit international ».

En décembre, les deux présidents s’étaient rencontrés, convenant de ne jamais « recourir à la force » ; les deux pays continuent toutefois leur bataille de déclarations.

Territoire de 160 000 kilomètres carrés riche en pétrole et ressources naturelles, l’Essequibo compte quelque 125 000 habitants, soit un cinquième de la population du Guyana, et représente les deux tiers de la superficie du pays.

Le Monde avec AFP

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