le dossier des sanctions a plané sur le premier débat en vue du scrutin présidentiel

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Les candidats à la présidence lors du débat électoral à Téhéran, le 17 juin 2024.

Le premier débat télévisé organisé dans le cadre de l’élection présidentielle iranienne, prévue le 28 juin, a été atone, lent et sans élan, à l’image de la campagne, qui a démarré ces derniers jours, à la suite de la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère, le 20 mai.

Lundi 17 juin, pendant quatre heures, les six candidats, validés par le Conseil des gardiens de la Constitution, un organe constitutionnel non élu, ont parlé de l’économie iranienne et de ses difficultés, alors que l’inflation a atteint 52 %, entre mars 2023 et mars 2024, un chiffre inédit depuis 1943. Parmi les candidats en lice aucun n’est vraiment entré dans le vif du sujet. La diplomatie et notamment les sanctions internationales, réimposées après la sortie unilatérale des Etats-Unis de l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran, décidé par l’ancien président américain, le républicain Donald Trump, en 2018, ont plané sur ce premier débat. Quatre autres sont prévus.

Organisé à la hâte après la disparition de M. Raïssi, ce scrutin intervient dans un contexte régional très tendu, en marge de la guerre que mène Israël à Gaza. Parmi les six candidats en lice, cinq appartiennent au camp conservateur. Le sixième, Masoud Pezeshkian, représente le camp réformateur, largement écarté et marginalisé par le régime ces dernières années. Parmi les disqualifiés, on compte l’ancien chef du parlement, Ali Larijani, devenu l’une des bêtes noires de l’aile dure du régime pour son approche plus ouverte face à l’Occident.

Pendant ce débat, Masoud Pezeshkian, ministre de la santé pendant le deuxième mandat de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), a qualifié les sanctions de « catastrophes », laissant entendre sa volonté, s’il était président, de faire aboutir les négociations indirectes avec les Américains pour parvenir à un compromis sur le dossier nucléaire iranien. « Contourner les sanctions est possible, mais certains s’enrichissent en faisant cela », a dit ce chirurgien de profession, dans une allusion à certains proches du régime, qui empochent des sommes astronomiques en continuant à commercer avec l’étranger.

« Regard vers l’est »

De son côté, l’actuel maire de Téhéran, le conservateur Alireza Zakani, fidèle à la ligne de son camp, a minimisé les effets des sanctions, mettant l’accent sur les capacités intérieures du pays. « Il faut neutraliser les sanctions à l’intérieur et ensuite aller vers la diplomatie », a-t-il déclaré.

L’ancien maire de Téhéran et actuel chef du parlement, le conservateur Mohammad Bagher Ghalibaf, a adopté une approche plus mesurée, reconnaissant l’impact délétère des sanctions sur l’économie iranienne, tout en insistant sur les bienfaits des alliances permettant à l’Iran de se placer en contrepoint d’un ordre international dominé par l’Occident. Il a estimé que « pour attirer les investissements étrangers, il faudrait garder un œil sur les potentiels que nous offrent le groupe des BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, auxquels s’ajoutent depuis janvier l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie] et l’Organisation de coopération de Shanghaï [qui réunit les principales puissances asiatiques] », deux groupes que Téhéran vient d’intégrer. Ce « regard vers l’est » est l’une des politiques privilégiées par le Guide suprême, Ali Khamenei, et le camp conservateur. Depuis 2018, le camp modéré et réformateur, partisan d’une ouverture vers l’Occident, a été affaibli.

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