Le démantèlement de l’empire Alibaba, ou la fin d’une époque pour la Chine

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Pour son retour en Chine, fin mars, après plus d’une année d’absence, Jack Ma, le fondateur du géant chinois du numérique Alibaba, a choisi la discrétion. Seul un court article publié par une école au sein du campus d’Alibaba, à Hangzhou, le 27 mars, a annoncé sa présence en Chine. On l’y voit en sweat et casquette blanche, pantalon de survêtement, prononcer quelques mots admiratifs devant le travail des enfants.

Mais, après trois ans passés sous les radars, dont près d’un an à l’étranger, la confirmation du retour du fils prodigue de l’entrepreneuriat chinois a été vue comme un symbole : échaudés par une campagne contre les géants de la tech et par trois ans d’une politique zéro Covid ultra-stricte qui a mis à genoux des pans entiers de l’économie, les patrons chinois y ont vu un message d’espoir. Un signe envoyé par Pékin pour tenter de convaincre que le pays est ouvert aux affaires.

Trois jours après la visite de l’ancien professeur d’anglais à l’école d’Alibaba, l’entreprise fait une annonce majeure. Le numéro un chinois du commerce en ligne, présent dans la plupart des secteurs de l’économie numérique, qui affiche un chiffre d’affaires de 868 milliards de yuans (112 milliards d’euros) et est utilisé par plus de 900 millions de Chinois chaque année, va scinder ses différentes activités en six filiales indépendantes : la principale pour le commerce en ligne, les autres pour le cloud, la logistique, le divertissement, l’international et les autres services locaux (livraison de repas, carte…).

Acteur de la numérisation du pays

Alibaba Group deviendra une holding qui gardera une majorité des parts de ses filiales. Objectif : « rendre l’organisation plus simple, plus agile », a justifié Daniel Zhang, le PDG de l’entreprise, dans une vidéo à destination des 240 000 employés du groupe, diffusée par des médias d’Etat. « Grâce à ces changements, chacun peut mettre au point sa propre stratégie, adaptée à son champ de bataille », a poursuivi le proche de Jack Ma, qui lui a cédé les rênes du groupe en 2019.

Fondé en 1999 à Hangzhou, ville natale de Jack Ma, Alibaba a permis l’émergence du commerce en ligne et largement participé à la numérisation du pays. Mais la dynamique start-up est devenue un géant, avec ses lourdeurs bureaucratiques, qui doit défendre ses positions contre une nouvelle génération d’entreprises du Web : Pinduoduo dans l’e-commerce, Meituan dans les livraisons et services, et ByteDance, la maison mère de TikTok, qui a pris à Alibaba la couronne du numéro un de la publicité en Chine.

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