Le catalogue de cotation des timbres de France Yvert et Tellier fait peau neuve

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Le nouveau catalogue de cotation des timbres de France édité par Yvert et Tellier, pour son millésime 2025, véritable encyclopédie philatélique – où l’on retrouve des informations sur les timbres, leur valeur sur lettres ayant circulé, à l’unité, en paires, en blocs, en bandes, etc. –, est présenté pour la première fois en deux volumes, plus maniables, vu le nombre de pages, dans un emboîtage cartonné.

« Catalogue de cotation. Timbres de France. Edition 2025 », en deux volumes, « Période classique 1849-1900 » (256 pages) illustré ici et « Période moderne 1900 à nos jours » (720 pages). Yvert et Tellier, format 210 x 270 mm, 39,90 euros.

A l’intérieur du premier volume consacré au XIXe siècle, « vous retrouverez les plus grands timbres de l’histoire, tels que le célèbre Cérès 1 franc vermillon de 1849 ou le très rare 20 centimes bleu non émis, dit “Durrieu”. Ce volume explore aussi les variétés et les erreurs célèbres dont la rareté ajoute du piment à la collection », explique en préambule Benoît Gervais, PDG des éditions Yvert et Tellier.

« Jacques Gervais (1931-2014 », ancien PDG des éditions Yvert et Tellier, auquel succéda son fils Benoît. Timbre émis en 2024, dessiné par Stéphane Humbert-Basset, gravé par Pierre Albuisson et imprimé en taille-douce.

« Quant au deuxième volume, consacré aux XXe et XXIe siècles, il est la synthèse exhaustive de toute la philatélie moderne, poursuit-il. Ce coffret est une invitation à un voyage passionnant à travers l’histoire postale française », avant de rendre hommage à La Poste « pour l’émission [en 2024] d’un timbre à l’effigie de [son] père, Jacques Gervais (1931-2014) », auquel Benoît succéda en 2005 à la tête de l’entreprise.

Du côté des classiques (le premier volume) et des émissions des colonies générales de 1849 à 1900, pour les cotes, la stabilité prévaut, avec, par exemple, le 10 centimes bistre-jaune de 1849, le numéro 1 du catalogue, à 3 200 euros… C’était déjà son prix dans l’édition 2023.

Bloc de quatre du 1 franc vermillon avec un tête-bêche.

Les timbres emblématiques tels le 20 centimes noir et le 1 franc vermillon « Cérès », sont à, respectivement, 675 euros et 130 000 euros. A noter qu’un bloc de quatre exemplaires du 1 franc vermillon « vif », avec un timbre tête-bêche (à l’envers), a été adjugé à 820 000 euros (924 000 euros taxes et frais d’adjudication compris) en 2003. Dans la même vente, un bloc de quatre du 1 franc vermillon, dans une nuance pâle (dite « Vervelle »), encore avec un tête-bêche avait été vendu 460 000 euros (521 000 euros avec les taxes et les frais). Le catalogue Yvert et Tellier le cote gentiment 600 000 euros.

Ce 10 centimes bistre-jaune « Présidence », en vente au prix de départ de 25 000 euros chez Roumet, est coté par Yvert et Tellier 48 500 euros.

On enchaîne avec quelques bonnes cotes, comme ces 180 000 euros pour un bloc de quatre du 25 centimes sur 20 centimes bleu surchargé rouge au type « Cérès », ou les 48 500 euros du 10 centimes bistre-jaune « Présidence » (prince président Louis-Napoléon) de 1852.

La vente sur offres Roumet clôturée le 25 janvier propose ce dernier timbre, « nuance soutenue, superbe. Le plus bel exemplaire connu », selon le vendeur, au prix de départ de 25 000 euros.

Le 80 centimes carmin Napoléon III, légendé « Empire Franc.  » pointe à 5 000 euros.

Empire Lauré (1863 1870(. 5 francs violet-gris. Bon centrage. Prix de départ : 3 000 euros chez Behr.

Inchangé, le 5 francs « Empire » violet-gris – le seul timbre français légendé « timbre-poste » – reste à 9 500 euros neuf, 30 000 euros seul sur lettre tout de même. La vente sur offres clôturée le 16 janvier organisée par la maison parisienne Behr en propose un au prix de départ de 3 000 euros.

Pour le type « Sage » (groupe allégorique « Paix et commerce »), l’incontournable 1 centime noir sur bleu de Prusse d’août 1880 est à 18 000 euros (neuf) et 45 000 euros seul sur lettre. La Postale philatélie dans sa vente sur offres clôturée le 11 février et Behr en proposent chacun un exemplaire respectivement à des prix de départ de 17 000 euros (« centrage exceptionnel ») et 15 000 euros (« haut de feuille intégral avec arrêt de la teinte de fond bleu de Prusse sur blanc »).

On notera la bonne tenue des oblitérations des bureaux de poste français à l’étranger, du temps des ex-colonies, d’Alexandrette à Volo, en passant par la Chine (Shanghaï, Tien-Tsin).

Pour les spécialistes des marques postales, sont désormais référencées et cotées les oblitérations en forme de losange dites « petits chiffres des gros chiffres » en usage sur les timbres aux types « Napoléon III lauré », « Cérès » émissions dites « du siège » de Paris et de « Bordeaux », et sur les « Cérès » de 1871.

A partir de 1863, les oblitérations losange « petits chiffres » sont progressivement remplacées par des variantes à « gros chiffres », jugées plus lisibles.

Oblitération losange « Petits chiffres des gros chiffres » (898) de Cognac : 10 euros chez Issoire Philatélie.
Oblitération losange « gros chiffres » (1065) de Cognac.

L’administration postale se retrouve en possession de « petits chiffres » qu’elle recycle là où le besoin s’en fait sentir en province, « lors de périodes tendues (fin d’année) ». Certains bureaux « en ont fait différents usages y compris pour certains d’oblitérer le courrier en parallèle du “gros chiffre”, par exemple à Abbeville (1) ou Belfort (420) ». D’où l’appellation « petits chiffres des gros chiffres » (utilisation des « petits chiffres » en lieu et place des « gros chiffres » théoriquement en usage).

La stabilité vaut pour les premiers timbres-taxe, les timbres pour journaux, les timbres-télégraphe, les timbres-téléphone, les timbres d’Alsace-Lorraine, les préoblitérés, pour les correspondances transportées par ballons montés pendant le siège de Paris (1870-1871) avec malgré tout de bons 50 000 euros pour des plis confiés par Le Neptune ou 40 000 euros pour Le Montgolfier… L’emblématique plan de Paris, en couleurs, ayant voyagé, pointe à 50 000 euros.

« Les lettres remises directement par les expéditeurs aux aérostiers de Nadar sans passer par les boîtes aux lettres de Paris, ce qui permettait de gagner un temps précieux, recevaient au verso le grand cachet rouge des aérostiers » Nadar, Dartois et Duruof… Ce qui leur vaut de bons prix, de 6 000 à 60 000 euros, selon le ballon…

Dans la vente sur offres clôturée le 16 janvier de la maison parisienne Behr : « Gazette des Absents n° 19, datée du 25 décembre 1870, à destination de Riom - Puy-de-Dôme. Au verso, grand cachet bleu des aérostiers Dartois & Yon et griffe « BALLON MERLIN DE DOUAI - CAP. GRISEAUT. LIEUT TARBE ». Pli affranchi du 20 centimes “Siège”, oblitéré au passage à Bordeaux. Arrivée à Riom le 3 janvier 1871. Pièce exceptionnelle, exposée au Musée des timbres et des monnaies à Monaco en 2015. Six pièces connues » : prix de départ à 80 000 euros.

Cote, enfin de 75 000 euros pour un pli confié avec griffe noire « Ballon Merlin de Douai/Cap. Grizeaut, lieut. Tarbé », cachet bleu « Aéronautes du gouvernement/Dartois & Yon »… Un tel pli est actuellement proposé à la vente – estimé 80 000 euros – par Behr :

« Gazette des Absents n° 19, datée du 25 décembre 1870, à destination de Riom – Puy-de-Dôme. Au verso, grand cachet bleu des aérostiers Dartois & Yon et griffe (…). Pli affranchi du 20 centimes “Siège”, oblitéré au passage à Bordeaux. Arrivée à Riom le 3 janvier 1871. Pièce exceptionnelle, exposée au Musée des timbres et des monnaies à Monaco en 2015. Six pièces connues. »

« Catalogue de cotation. Timbres de France. Edition 2025 », en deux volumes, « Période classique 1849-1900 » (256 pages) et « Période moderne 1900 à nos jours » (720 pages), illustré ici. Yvert et Tellier, format 210 x 270 mm, 39,90 euros.

On passe au deuxième volume dédié à la période moderne de 1900 à nos jours.

Meeting d’aviation de La Baule de 1922. Feuillet de vignettes de poste aérienne, dans un lot composé de 6 feuillets d’essais de couleurs differentes non dentelés dont 3 exemplaires « double impression », prix de départ 600 euros dans la vente La Postale philatélie, à Paris, clôturée le 11 février.

Le référencement sur cinq pages des « vignettes semi-officielles » de poste aérienne des années 1910 à 1939 en constitue la grande nouveauté. Ces « presque » timbres, édités le plus souvent à l’occasion de meetings aériens – théoriquement sans usage postal – pouvaient être oblitérés. « Tous les plis affranchis avec des semi-officiels devraient comporter obligatoirement en plus un timbre » à 10 centimes pour une carte postale ou à 20 centimes pour une lettre, afin de payer le port.

Lettre par avion, cachet de la journée aéropostale Marseille,  17 novembre 1926 pour Alger, avec vignettes de l’aéroclub de Provence, plus signature du pilote, en vente à 69 euros chez Delcampe.

Les pièces les plus rares (neuves) peuvent atteindre jusqu’à 90 euros, bien plus sur lettres.

Vignette de poste aérienne « Poste par avion », meeting de Bourges, 1922.

Types « Blanc », « Semeuse », « Pasteur », etc. se succèdent, la stabilité des cotes prévalant.

En deux ans, par exemple, les sept valeurs de la série « Mouchon » de 1900-1901 ont gagné 20 euros, passant de 1 980 à 2 000 euros (à comparer aux près de 6 % de taux d’inflation constaté dans ce même temps).

Fausse joie, par erreur, le catalogue cote 100 000 euros la série de huit timbres des « Orphelins de la guerre », qui n’en vaut que 10 050 lorsque l’on fait l’addition.

Les cotes des années complètes restent un bon indicateur, qu’il faut comparer à leurs prix de vente chez les négociants.

Ainsi, l’année 1935, cotée 745 euros (732 euros dans l’édition 2023 du catalogue), est commercialisée au prix de 186 euros chez Philatélie 50, à Cherbourg (Manche)…

Des cotes, pas des prix de vente

Rappelons-le : les cotes ne sont pas des prix de vente, mais une base de négociation, une référence à laquelle les philatélistes se reportent pour acheter, vendre, échanger ou évaluer, estimer une collection.

La Maison du collectionneur, à Asnières (Hauts-de-Seine) propose, par exemple, les années 1940 à 45 euros, 1950 à 34 euros, 1960 à 31 euros (28 euros chez Philatélie Collections, à Nérac, Lot-et-Garonne, et 25 euros chez Elysabeth Berck, à Paris), 1970 à 12 euros (et même 9,45 euros à la Bourse aux collections, à Melun, Seine-et-Marne ou 7 euros chez Elysabeth Berck) et 1980 à 24 euros (13,80 euros chez Yvert et même 10 euros chez Philatélie 50 !) pour des cotes respectives d’un montant de 214 euros, 116 euros, 79 euros, 27 euros et 49 euros… Ce qui revient à diviser la cote par deux à cinq pour obtenir un prix de vente… Un prix de vente qui n’est pas un prix d’achat du négociant au collectionneur, bien sûr.

A noter qu’en deux ans, les cotes des années 1950, 1960, 1970 et 1980 n’ont pas bougé, celle de 1935 a pris 13 euros, celle de 1940, 5 euros…

Pour les années les plus récentes, les cotes s’envolent : 498 euros (2015), 625 euros (2018), 732 euros (2022), pour des années qui comptent quatre-vingt-dix à cent timbres, là où il n’y en a que dix en 1935.

Parmi les timbres récents emblématiques, les blocs souvenirs se portent bien, comme les quatre feuillets « Marianne l’engagée » de 2018, cotés 85 euros ou le bloc anniversaire de la mort de Napoléon (2021), à 20 euros (pour 3 euros de valeur faciale).

Le « carnet à deux volets gommé » du 40e anniversaire de la « Sabine » de 2017 (tirage : 80 000 exemplaires) est à 150 euros.

Rubrique « Carnets et ouvrages de luxe », Jules Verne. Aventures et légendes (paru en 2005) est à 60 euros. Comptez 400 euros pour La Cérès. Histoire du premier timbre-poste français (2019) tiré à 6 000 exemplaires.

« Marianne » autocollante « 3D » cotée 48 euros.

Pour les autocollants, parmi les bonnes cotes, on relèvera :

– 1,33 euro de la série artistique « Gérard Garouste » (2008), à 185 euros ;

– « Marianne » de Ciappa et Kawena, version 3D (2013), conditionnée en collector (à l’époque, valeur du timbre seul, 0,58 euro ; prix de vente du collector 2 euros), à 48 euros ;

– 1,65 euro, « Jean Dufy. La Seine au pont du Carrousel » (2014), à 28 euros ;

– « Marianne » lilas, « Lettre suivie. 20 g » (2015), à 36 euros ;

– 3,20 euros, « Marianne » d’Yz, noire, grand format (2018), issue de carnet, à 24 euros.

Timbre surchargé « CFA » pour La Réunion. Timbre-taxe, variété d’impression double surcharge, prix de départ 80 euros chez Roumet (vente clôturée le 28 janvier).

En fin de catalogue, pour les timbres surchargés « CFA » de La Réunion (1949-1975), la série de quatorze valeurs des années 1953-1954, avec le 20 francs surchargé sur 25 francs « Hippisme », est à 240 euros.

Timbre de La Réunion, surchargé en « CFA » : essais de surcharge non émise en bleu sur paire verticale. Prix de départ 1 700 euros chez La Postale philatélie. Vente sur offres clôturée le 11 février.

Le timbre de poste aérienne « Paris » 500 francs sur 1 000 francs est à 460 euros, tandis que les deux aérogrammes plafonnent à 155 et 135 euros.

 Feuillet sans usage postal signé Sylvie Patte et Tanguy Besset, graphistes auteurs de nombreux timbres, offert avec le catalogue.

« Catalogue de cotation. Timbres de France. Edition 2025 », en deux volumes, « Période classique 1849-1900 » (256 pages) et « Période moderne 1900 à nos jours » (720 pages). Yvert et Tellier, format 210 x 270 mm, 39,90 euros. En cadeau avec ce millésime : un feuillet signé Sylvie Patte et Tanguy Besset. En vente dans les magasins spécialisés, ou par correspondance, auprès d’Yvert et Tellier, 2, rue de l’Etoile, CS 79013, 80094 Amiens Cedex 3 (Tél. : 03-22-71-71-71). Existe aussi en numérique sur la « Bibliothèque en ligne » de l’éditeur amiénois.

« Catalogue de cotation. Timbres de France. Edition 2025 », en deux volumes, « Période classique 1849-1900 » (256 pages) et « Période moderne 1900 à nos jours » (720 pages). Yvert et Tellier, format 210 x 270 mm, 39,90 euros.
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