En Roumanie, le premier ministre social-démocrate démissionne, au lendemain de la victoire écrasante de l’extrême droite au premier tour de la présidentielle

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Le premier ministre social-démocrate roumain, Marcel Ciolacu, à Bucarest, le 5 mai 2025.

Le premier ministre social-démocrate roumain, Marcel Ciolacu, a annoncé sa démission, lundi 5 mai, au lendemain de la victoire écrasante de l’extrême droite au premier tour de l’élection présidentielle et de l’élimination du candidat soutenu par son gouvernement.

« Au vu des résultats du vote », la coalition formée avec les libéraux et le parti de la minorité hongroise « n’a plus de légitimité sous sa forme actuelle », a-t-il déclaré à la presse après une réunion de sa formation à Bucarest. « Le futur président m’aurait changé de toute façon », a ajouté le dirigeant. Il a par ailleurs « proposé à ses collègues » de quitter le gouvernement qui, sans les sociaux-démocrates pro-européens (PSD), ne disposera plus de la majorité nécessaire au Parlement. Les ministres du parti assureront toutefois l’intérim jusqu’à la mise en place d’un nouvel exécutif après le second tour prévu le 18 mai.

Si les sociaux-démocrates n’ont pas appelé à voter contre l’extrême droite, M. Ciolacu a exclu de s’allier au nationaliste George Simion, arrivé en tête dimanche, pour former un nouveau cabinet. « Tant que je serai président du PSD, il n’y aura pas de gouvernement PSD-AUR [Alliance pour l’Unité des Roumains] », a-t-il affirmé en parlant de la formation politique de son rival.

Scrutin invalidé par la Cour constitutionnelle

A l’issue des législatives de décembre, M. Ciolacu, 57 ans, avait gardé la tête du gouvernement, après un accord pensé comme un rempart face à la progression de l’extrême droite et pour présenter un candidat unique à la présidentielle.

Mais en arrivant troisième seulement, avec 20,3 % des voix, le candidat de la coalition gouvernementale pro-européenne, Crin Antonescu, a fait voler en éclats ce pacte. Le candidat de l’extrême droite, George Simion, a remporté haut la main le premier tour du scrutin dimanche avec 40,5 % des voix, devant le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan (20,9 %).

La Roumanie est dans la tourmente depuis la première place surprise, en novembre, de Calin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire accusé par ses détracteurs d’être favorable au Kremlin. La Cour constitutionnelle a invalidé le scrutin duquel M. Ciolacu avait été éliminé et a ensuite exclu M. Georgescu de cette nouvelle élection, après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d’ingérence russe. Une décision rarissime dans l’UE qui a provoqué d’importantes manifestations et accentué la colère contre le premier ministre.

Cette incertitude politique accrue intervient au moment où ce pays membre de l’Union européenne, devenu un pilier essentiel de l’OTAN depuis l’invasion russe de l’Ukraine, affiche pour 2024 le pire déficit public des Vingt-Sept (9,3 % du PIB) et des difficultés économiques.

Le Monde avec AFP

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