Le Canada inquiet d’une victoire de Trump en 2024

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Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, lors de la retraite du Cabinet fédéral, à Montréal, le 23 janvier 2024.

La menace, exprimée samedi 10 février par Donald Trump, de ne plus assurer la protection des pays membres de l’Alliance atlantique qui ne contribueraient pas suffisamment au budget de l’OTAN, s’il revenait au pouvoir, met sous pression le Canada. Le candidat républicain n’a cessé de reprocher au pays la faiblesse de son engagement financier dans la défense – 1,3 % de son produit intérieur brut. Surtout, Ottawa redoute que l’ex-président revienne sur la participation américaine au commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, l’alliance militaire qui lie les deux grands voisins. Un sujet d’inquiétude de plus.

Au lendemain de la première victoire de Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine remportée dans l’Iowa, le 15 janvier, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’était laissé aller à une confidence. Evoquant devant la chambre de commerce et d’industrie de Montréal la perspective du retour du candidat républicain à la Maison Blanche, à l’issue de la présidentielle de novembre, il confiait alors : « Cela n’a pas été facile la première fois, je vous le dis. Et s’il y a une deuxième fois, ce ne sera pas facile non plus. » Un euphémisme tant les relations entre les deux hommes avaient été calamiteuses.

En 2018, Donald Trump avait quitté le sommet du G7, organisé à La Malbaie (Québec), en retirant, au dernier moment, sa signature du communiqué final, qualifiant, sur Twitter, Justin Trudeau de « faible et malhonnête » parce qu’il avait osé critiquer le projet des Etats-Unis de relever les tarifs douaniers.

Stratégie à adopter

Les visées ultraprotectionnistes assumées par le promoteur du slogan « America first » (« l’Amérique d’abord ») ont failli mettre à mal le partenariat économique historique entre les deux pays ayant en partage la plus longue frontière commune au monde. Côté canadien, 75 % des échanges commerciaux se font avec le grand voisin au sud et, réciproquement, trente Etats américains ont le Canada pour principal partenaire commercial.

En 2017, Donald Trump avait été à un cheveu de déchirer l’accord de libre-échange nord-américain, l’Alena, entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Il avait fallu toute l’énergie de la ministre des affaires étrangères canadienne, Chrystia Freeland, pour qu’en 2018, après dix-huit mois de tractations, le nouvel accord de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique (Aceum) soit conclu.

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Depuis quelques mois, le Canada cherche donc à anticiper le scénario qui pourrait se dessiner en novembre. Dès le 11 septembre 2023, Mme Freeland, aujourd’hui ministre des finances et vice-première ministre du gouvernement libéral, avait tenu une réunion avec les acteurs du monde économique canadien, afin de réfléchir à la stratégie à adopter en vue de la révision de l’Aceum, prévue en 2026, l’un des premiers rendez-vous importants entre les deux partenaires.

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