l’appel à la « vigilance » du patron de la DGSI

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Directeur général de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis 2018, Nicolas Lerner a occupé de nombreuses fonctions au sein du ministère de l’intérieur. Il dresse le panorama d’une menace terroriste globalement en baisse mais aussi en forte mutation, avec la montée en puissance de l’ultradroite et une tentation accrue de la violence à l’ultragauche. Une parole rare.

Le terrorisme djihadiste reste-t-il la principale menace à la sécurité intérieure en France ?

La menace terroriste a baissé en intensité par rapport à la période 2015-2018 sous l’effet de différents facteurs, notamment l’action de la coalition sur la zone irako-syrienne, la déstabilisation judiciaire des réseaux en France et en Europe et la lutte acharnée contre la propagande, et un renforcement des moyens humains et financiers des services de renseignement. Elle se maintient cependant à un niveau très élevé du fait de la résilience de l’Etat islamique en Syrie et en Irak et de la dynamique de croissance d’autres groupes, en Afrique et en Afghanistan, au travers de l’Etat islamique au Khorasan. Du fait de ces dynamiques, le djihadisme sunnite, qui est le seul qui ait tué en France ces dernières années, reste la principale menace terroriste à laquelle notre pays est confronté, et ce durablement.

Cette menace semble aujourd’hui essentiellement le fait d’individus déjà présents sur le sol national…

La première source de menace est en effet endogène et émane d’individus qui sont nés ou séjournent durablement sur le territoire national. Ce sont souvent des individus solitaires, sans lien direct avec des organisations terroristes, dont la seule interaction sociale se résume bien souvent aux réseaux sociaux. Leur parcours de vie, souvent heurté, les rend particulièrement perméables aux discours victimaires de la propagande terroriste et aux incitations à l’ultraviolence. Dans cette catégorie figurent des individus qui souffrent de troubles psychologiques ou psychiatriques, mais surtout de jeunes adolescents, souvent en sentiment d’échec, présentant des failles comportementales, qui trouvent dans l’islam radical une matrice existentielle simple et peuvent, à travers la radicalisation, s’inventer un personnage, devenir quelqu’un de plus fort.

Ce type de profils, jeunes certes mais qui n’en restent pas moins dangereux, constitue l’essentiel des individus auxquels nous sommes confrontés depuis quelques mois, comme en attestent le projet d’attentat déjoué par la DGSI en mars [deux jeunes hommes, dont un mineur de 17 ans, vivant dans les Alpes-Maritimes et en Seine-Saint-Denis, projetaient plusieurs attentats à l’arme blanche contre des civils, des personnalités qualifiées d’opposants à l’Islam ou contre des églises].

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