l’Alliance démocratique au défi de convaincre les électeurs noirs

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Militants du parti Alliance démocratique (DA) lors d’une marche à Pretoria, capitale de l’Afrique du Sud, le 17 février 2024.

Tous les sondages sont formels : l’Afrique du Sud s’apprête à vivre une élection historique mercredi 29 mai. De plus en plus contesté, le Congrès national africain (ANC), qui dirige le pays depuis 1994, pourrait perdre sa majorité à l’Assemblée nationale pour la première fois depuis la fin de l’apartheid. Une voie ouverte pour son principal adversaire ? Pas si simple. Car si l’Alliance démocratique (DA) passe pour un modèle de gestion locale de nature à rassurer des électeurs exaspérés par la déliquescence des services publics et le chômage massif, le principal parti d’opposition peine encore à convaincre une majorité d’électeurs de la communauté noire, qui représente 81 % de la population.

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« Dans un monde idéal, ça ne devrait pas être comme ça, mais en Afrique du Sud, les questions raciales sont encore centrales, ça fait partie de notre lutte. Et que ce soit un mythe ou une réalité, certaines personnes noires perçoivent encore l’Alliance démocratique comme un parti de Blancs, alors aller aux élections avec un leader blanc, ça n’aide pas », résume l’écrivain sud-africain Sihle Khumalo, auteur notamment de Milk the Beloved Country, une plongée dans l’Afrique du Sud passée et actuelle (éd. Umuzi, 2023, non traduit).

« On se débat avec cette image parce qu’elle est véhiculée par l’ANC et que les médias la reprennent sans faire un travail critique », maugréait récemment le leader de l’Alliance démocratique (DA), John Steenhuisen, en réponse à une question du Monde. A l’inverse, il rappelle que sa formation est « de loin le parti le plus divers du pays » et s’agace qu’elle soit la seule dont la composition raciale est scrutée alors que « les partis à notre gauche et à notre droite sont tous monochromes ».

Restaurer l’égalité des chances

Issu de l’opposition blanche à l’apartheid, le DA souffre d’être encore parfois assimilé, à tort, à un héritier de l’architecte de l’apartheid, le Parti national. Des polémiques ont contribué à brouiller son image, comme lorsque l’une de ses députés partageait, en 2015, un post Facebook appelant au retour de P.W. Botha, président du régime raciste de 1984 à 1989. La formation a également essuyé le départ en série de plusieurs de ses responsables noirs ces dernières années. La plupart ont claqué la porte en dénonçant un manque d’inclusivité ou le choix d’abandonner les politiques de discriminations positives destinées à corriger les inégalités héritées de l’apartheid, sujet hautement sensible en Afrique du Sud.

« En politique, les gens vont et viennent », balaie M. Steenhuisen. Et s’il reconnaît que « les inégalités sont un immense problème en Afrique du Sud », le dirigeant explique vouloir régler le problème en s’attaquant à la ruine du système éducatif ou celle du système de santé afin de restaurer « l’égalité des chances ». « Si nous n’attirions que les votes des électeurs blancs dans le pays, nous ferions 7 %, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes un parti qui rassemble 20 % des voix, le deuxième plus important du pays, précisément parce qu’on attire des votes de toutes parts », insiste-t-il.

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