L’Afrique du Sud demande à la CIJ d’ordonner à Israël de stopper ses opérations à Rafah

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Une fumée s’élève après des bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 mai 2024.

La Cour internationale de justice (CIJ) ordonnera-t-elle à Israël de « cesser son offensive militaire » à Rafah, comme le demande d’urgence l’Afrique du Sud ? Saisis par Pretoria, les juges ont établi, le 26 janvier, qu’il existe un risque plausible que les droits des Palestiniens à être protégés du crime de génocide soient violés. A deux reprises depuis, ils ont émis des ordonnances contre l’Etat hébreu. « La manière même dont Israël poursuit ses opérations militaires à Rafah et ailleurs à Gaza est elle-même génocidaire. Il faut en ordonner l’arrêt », demande cette fois l’Afrique du Sud dans sa dernière requête déposée vendredi 10 mai, dans la soirée.

La prise des deux postes-frontières de Rafah et de Kerem Shalom par l’armée israélienne, le 6 mai, ne signe pas une simple escalade du conflit, argumente Pretoria dans sa demande aux juges. « Avec la destruction de Rafah, la destruction de Gaza elle-même sera complète », y rendant impossible « la survie » des Palestiniens. Israël a désormais le « contrôle total » sur ce qui entre et sort de Gaza, note l’Afrique du Sud. Rafah est le « dernier refuge » pour quelque 1,5 million de Gazaouis qui s’y trouvent, mais l’opération a « scellé hermétiquement Gaza du monde extérieur, paralysant encore davantage l’acheminement de l’aide vers et à l’intérieur » de l’enclave.

Peu avant le début de l’opération sur Rafah, les Palestiniens ont reçu des messages d’évacuation pour la zone d’Al-Mawasi, dans le secteur de Khan Younès, déjà largement réduite à l’état de « décombres » par Israël, « inhabitables », selon l’Afrique du Sud, avec « des personnes vivant entassées dans des tentes » et qui ont aussi été ciblées par des tirs israéliens. Dimanche, quelque 300 000 personnes s’étaient déplacées.

Urgence à préserver les preuves

L’Afrique du Sud signale les « risques extrêmes » pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent se déplacer de nouveau. Les avocats rappellent les témoignages de soldats israéliens publiés récemment dans le quotidien Haaretz, racontant que les zones d’évacuation ont été traitées « comme des “zones d’extermination” dans lesquelles tous les Palestiniens restants sont considérés comme des cibles légitimes ».

Il est aussi urgent de préserver ces preuves, affirme Pretoria, qui demande aux juges d’ordonner à Israël de permettre l’accès des journalistes étrangers à Gaza et l’entrée des enquêteurs internationaux. Vendredi, le Conseil de sécurité des Nations unies a du bout des lèvres « souligné » l’importance d’un accès sans entraves d’enquêteurs aux fosses communes découvertes après les opérations militaires contre les hôpitaux Nasser et Al-Shifa dans la ville de Gaza. Selon Pretoria, « plus de 390 corps ont été découverts (…) et présenteraient des signes de torture et d’exécutions sommaires ».

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