l’affaissement moral de l’administration Biden

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Film dramatique en accéléré. Joe Biden a été élu en 2020 sur une promesse de réconciliation nationale et de sauvegarde de la démocratie américaine. La première est un mirage, la seconde semble plus vulnérable que jamais. Le vétéran démocrate a prétendu construire sa présidence en contraste avec son prédécesseur Donald Trump : il s’est drapé dans les valeurs supposément éternelles de l’Amérique, en promouvant l’Etat de droit et une pratique décente du pouvoir. Or, une corrosion morale marque la fin de son mandat.

L’exemplarité dont se prévalait Joe Biden vient d’être anéantie par la grâce présidentielle complète accordée à son fils Hunter, qui se trouvait sous la menace de deux peines de prison. Les deux affaires étaient incontestables : mensonge écrit au moment de l’achat d’une arme à feu, au sujet de sa dépendance à la drogue ; fraudes fiscales d’ampleur. Les faits établis ne souffrent aucune discussion, même si la sévérité envisagée ici pour Hunter Biden, soit plusieurs années de prison potentielles, n’est pas toujours pratiquée par les tribunaux américains.

Les arguments en défense de Joe Biden, parmi les démocrates, sont d’une grande faiblesse. Ils tiennent généralement en un nom : « Trump ». Autrement dit, il y a pire. Joe Biden a menti, en promettant de ne pas gracier son fils ? Oui, mais Trump a menti sur tout : ses impôts, ses infidélités, ou encore sur ses responsabilités dans les dossiers judiciaires lui valant des dizaines d’inculpation, comme la tentative de coup d’Etat conduisant à l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Tout cela est vrai. Mais voilà les démocrates qui se prennent les pieds dans la toge de leur propre grandiloquence.

« Personne ne croit plus personne »

Joe Biden n’a-t-il pas piétiné les principes qu’il prétendait défendre, comme la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire, le respect de l’Etat de droit ? La seule réponse est à nouveau « Donald Trump », qui promet une campagne de vengeance contre ses « ennemis de l’intérieur », qu’ils soient responsables politiques, généraux ou magistrats. D’une certaine façon, Joe Biden n’aurait pas eu le choix. Tellement humain, ce président, assurent ses partisans, ce père de 82 ans qui ne peut supporter de voir son fils fragile en prison, alors que lui-même va se retirer du pouvoir.

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Cette grâce accordée à Hunter Biden contribue aussi à brouiller toute distinction éthique entre démocrates et républicains aux yeux du grand public. « Personne ne croit plus personne », a réagi l’ancien président Bill Clinton, de façon fataliste, disant comprendre la décision. Les clichés sur le marais des élites se trouvent confirmés. Une même pratique népotique, une culture du privilège jamais assumée, mais toujours reprochée à l’adversaire, réunit les deux camps. La différence : les républicains mentent au public, les démocrates se mentent à eux-mêmes.

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