La volonté des pouvoirs publics d’expérimenter la vidéosurveillance dite intelligente à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) avait suscité de longs et vifs débats en début d’année 2023, lors de l’examen du projet de loi olympique visant à faire adopter un certain nombre de mesures présentées comme essentielles au bon déroulement de l’événement. Cette vidéosurveillance algorithmique – c’est-à-dire le recours à l’intelligence artificielle pour aider à réagir à des événements prédéfinis – devrait finalement « sans doute être déployée de manière limitée » cet été. C’est ce qu’a déclaré, mercredi 17 janvier, Michel Cadot, le délégué interministériel aux Jeux (Dijop).
« Le dispositif a été testé dans certains événements récents », a expliqué M. Cadot devant la commission la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, citant notamment « un test à Marseille lors d’un match ».
« Il est assez positif dans ses réponses », a-t-il ajouté, tout en laissant entendre qu’un certain nombre de réglages et développements sont encore à opérer, compte tenu notamment du peu de temps dont ont disposé les industriels après l’adoption de la loi olympique, au printemps 2023.
C’est ainsi qu’aucun test de cet outil de surveillance n’a été réalisé lors de la Coupe du monde de rugby, qui a eu lieu à l’automne 2023, a précisé le délégué interministériel aux Jeux. « On est un peu juste, on le savait, à partir du moment où ce [dispositif] n’avait pas été retenu dans la loi sécurité globale, il y a trois ans », a-t-il relevé.
« On n’est pas en mesure aujourd’hui d’identifier toutes les manifestations auxquelles cela pourrait s’appliquer, on ne sait pas si cela sera prêt au moment de la Coupe du monde de rugby », avait d’ailleurs prévenu, en mars 2023 lors de l’examen du projet de loi olympique, le président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, Sacha Houlié (Renaissance).
« Autour des sites, avant les contrôles »
Cet été, durant les Jeux, c’est essentiellement « dans des zones de forte densité, par exemple dans le centre de Paris autour des sites, et avant les contrôles » que les équipements de vidéosurveillance dite intelligente devraient être mis en place.
« Là où il y aura des probabilités de rassemblement de population en nombre », a détaillé M. Cadot, rappelant que l’objectif est de « permettre d’identifier des colis abandonnés, des voitures stationnées où ce n’est pas autorisé… et d’aller vérifier ».
« On a un schéma extrêmement protecteur qui sera mis en place », a-t-il également ajouté, mentionnant le fait que cela nécessitera « un arrêté du préfet de police soumis à la CNIL ». La loi prévoit également que les algorithmes « ne traite[ront] aucune donnée biométrique et ne mett[ront] en œuvre aucune technique de reconnaissance faciale ».
Si les pouvoirs publics ont souhaité que l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique soit autorisée avant même les Jeux, en vue d’être opérationnelle durant l’événement, cette expérimentation se poursuivra au-delà de l’été, jusqu’en mars 2025.
Paris 2024 : « Limiter au strict minimum » le recours aux forces publiques pour suppléer la sécurité privée
Interrogé, mercredi 17 janvier, par les sénateurs sur le risque de devoir en urgence mobiliser les réserves de l’armée, la police et la gendarmerie pour pallier un manque d’effectifs des entreprises de sécurité privée, le délégué interministériel aux Jeux, Michel Cadot a répondu que « l’objectif est de limiter ce recours au minimum ». Il ne l’a pas écarté, même s’il a rappelé que les pouvoirs publics ambitionnent de former 28 000 personnes aux métiers de la sécurité (dont 20 000 en Ile-de-France) afin de réduire le déficit de main-d’œuvre de ce secteur en vue des Jeux.
« A fin novembre 2023, en Ile-de-France, on est à 15 000 personnes formées et 9 600 ayant bénéficié d’un recrutement », a-t-il détaillé, reconnaissant que l’enjeu est faire en sorte que les personnes recrutées soient ensuite réellement affectées aux JO, pour lesquels les besoins sont en moyenne de 18 000 postes à tenir chaque jour (24 000 au pic).
Notre sélection d’articles sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024
Retrouvez tous nos contenus sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 :
Transports : les autorités rassurent mais les défis restent immenses
Tout ce qu’il faut savoir sur les conditions de circulation durant les Jeux
Cherche agent de sécurité privée désespérément pour les Jeux olympiques
Les chantiers olympiques arrivent dans les temps
Pour le surf à Tahiti, « c’est le CIO et le Comité d’organisation qui ont le dernier mot »
- La préparation des athlètes françaises et français
Antoine Dupont fait ses premiers pas avec l’équipe de France de rugby à VII
La nouvelle liberté juridique et olympique de Kylian Mbappé
Paris 2024 : l’équipe de France de basket-fauteuil n’est pas assurée d’être aux Jeux paralympiques
La question de la présence des athlètes russes et biélorusses
Le football et les Jeux paralympiques, deux défis en matière de billetterie
Le Comité d’organisation pioche dans sa réserve pour maintenir le budget des Jeux à l’équilibre
- Le relais de la flamme olympique
Certaines communes s’irritent des exigences et des coûts liés à l’accueil du relais de la flamme
- Les enjeux sociétaux que les Jeux mettent en exergue
À l’heure du sport grande cause nationale, la situation préoccupante des piscines en France
Le sport à l’école cherche encore la bonne formule
Le gouvernement appuie sur l’accélérateur pour combler les retards d’accessibilité
Les hôteliers font flamber leurs tarifs, les contrôles vont s’intensifier
- La Seine-Saint-Denis et les Jeux
Paris 2024 : « Au début, on était fiers ; maintenant, on a vu l’envers du décor »
- Les enquêtes judiciaires en cours
Jeux d’hiver 2030 et 2034 : un cadre de Paris 2024 visé par une plainte
- Les enjeux environnementaux
Le difficile pari de JO « écolos »
Des lieux culturels inquiets et en mal d’informations à sept mois des Jeux olympiques
Les tournages de films seront interdits dans la capitale pour la première fois pendant trois mois
Les propriétaires parisiens de péniches dans l’expectative pour l’été 2024 et les Jeux
- Les Jeux, ce n’est pas seulement Paris et la Seine-Saint-Denis
Les collectivités en quête d’une part de l’« effet JO » avec les centres de préparation aux Jeux