la Suède « fait désormais marche arrière »

4235


La ministre suédoise du climat et de l’environnement, Romina Pourmokhtari, à Märsta, près de Stockholm, le 19 avril 2023.

La toute jeune ministre suédoise du climat et de l’environnement, Romina Pourmokhtari, âgée de 28 ans, peut souffler. Mercredi 17 janvier, le Parlement a rejeté la motion de défiance déposée contre elle par les Verts et les centristes. Néanmoins, les critiques persistent à l’égard de la politique climatique menée par le gouvernement libéral-conservateur, soutenu par les Démocrates de Suède (extrême droite). L’opposition, les scientifiques et les ONG, mais aussi l’industrie, s’inquiètent de voir le pays perdre sa position de chef de file de la transition écologique, acquise au début des années 1990, quand il avait été l’un des premiers à adopter une taxe carbone.

« Si la politique intérieure n’est pas à la hauteur des ambitions des entreprises et de la nécessité d’une action urgente, la Suède prendra du retard dans la transition et les investissements risquent de partir pour l’étranger », avertissaient, en avril 2023, les responsables de dix des plus grosses compagnies suédoises, parmi lesquelles Volvo, Scania, H&M et AstraZeneca. Ils appelaient le gouvernement à « saisir la dernière chance » en se montrant ambitieux dans le plan d’action climatique que la loi lui imposait de présenter avant la fin de 2023.

Envisageant d’abord de repousser l’échéance − ce qui a provoqué la motion de défiance contre Mme Pourmokhtari –, le gouvernement l’a finalement dévoilé, le 21 décembre. Cependant, alors que la ministre avait promis de grandes annonces, « le plan ne contient aucune mesure qui pourrait être adoptée par le Parlement et uniquement des propositions qui doivent être soumises à un examen, sans garantir qu’elles seront un jour adoptées », déplore Mikael Karlsson, chercheur en sciences de l’environnement à l’université d’Uppsala. « En gros, on remeuble un peu le Titanic, mais le navire continue de couler », résume-t-il.

Même frustration du côté du Conseil suédois de la politique climatique : « Le plan vise toujours la neutralité carbone, d’ici à 2045, mais sans expliquer comment la Suède va atteindre ses objectifs pour 2030 », déclare sa présidente, Asa Persson. Directrice de recherche à l’Institut de l’environnement de Stockholm, elle rappelle que le conseil demande, depuis plusieurs années, l’accélération du rythme de la transition. Mais, au lieu d’aller plus vite, « la Suède fait désormais marche arrière », se désole Mme Persson.

« Un virage à près de 180 degrés »

Dans son dernier projet de loi de finances, présenté à l’automne 2023, le gouvernement, mené par le conservateur Ulf Kristersson, admet que sa politique va entraîner, pour la deuxième année de suite, une hausse des émissions, à hauteur de 4,8 à 8,7 millions de tonnes, d’ici à 2030.

Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link