la présidence ukrainienne qualifie de « non-sens absolu » sa mise en cause

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Photo partagée par le commandement de la défense danoise montrant une fuite de gaz au niveau du gazoduc Nord Stream 2, dans la mer Baltique, au large de l’île danoise de Bornholm, le 27 septembre 2022.

Pour Mykhailo Podoliak, le conseiller de Volodymyr Zelensky, c’est un « non-sens absolu ». La présidence ukrainienne a réagi, jeudi 15 août, à la mise en cause de l’Ukraine par le Wall Street Journal (WSJ) dans le sabotage en 2022 des gazoducs russes Nord Stream traversant la mer Baltique. « Ces actions n’avaient aucun intérêt pratique pour l’Ukraine », a déclaré à l’Agence France-Presse le conseiller présidentiel. « Un tel acte ne peut être réalisé qu’avec d’importantes ressources techniques et financières… et qui possédait tout cela au moment de l’attentat ? Uniquement la Russie », a déclaré M. Podoliak dans une réponse écrite à l’agence Reuters.

Selon le WSJ, le sabotage des gazoducs russes Nord Stream le 26 septembre 2022 en mer Baltique a été validé au plus haut niveau à Kiev, y compris au départ par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Selon le journal américain, qui se fonde notamment sur des sources militaires ukrainiennes, l’attentat à l’explosif dans les profondeurs de la mer Baltique a été mené à bien sous la supervision du commandant en chef de l’armée ukrainienne de l’époque, Valeri Zaloujny, et ce malgré un revirement en cours de route de Volodymyr Zelensky, qui avait demandé l’arrêt du projet.

Ces informations surviennent au lendemain de révélations selon lesquelles l’enquête judiciaire allemande sur le sabotage s’oriente vers l’Ukraine, avec un mandat d’arrêt récemment lancé contre un plongeur professionnel de ce pays. L’idée du sabotage a émergé en mai 2022 lors d’une réunion d’officiers, hauts gradés et chefs d’entreprises ukrainiens, trois mois après l’invasion russe de l’Ukraine, écrit le journal américain.

Selon le WSJ, six personnes au total ont été directement impliquées dans cette opération pour un coût d’environ 300 000 dollars, le tout financé par de l’argent privé. « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait initialement approuvé le plan, selon un officier qui y participait et trois qui en avaient connaissance », avance le journal américain. « Mais après, quand la CIA en a eu vent et a demandé de l’en empêcher, il a ordonné de le stopper », poursuit-il.

« Aucune connaissance de l’opération »

Or, Valeri Zaloujny, commandant en chef de l’armée ukrainienne à l’époque, a ignoré cet ordre et son équipe a modifié le plan initial, ajoute le journal. Contacté par le WSJ, M. Zaloujny, qui a depuis été nommé ambassadeur pour l’Ukraine à Londres, a déclaré dans un échange par écrit qu’il n’avait aucune connaissance d’une telle opération et qualifié de « provocation » toute affirmation du contraire.

Après le sabotage en septembre 2022 des gazoducs russes, M. Zelensky a demandé des explications à M. Zaloujny, selon le WSJ, citant trois personnes au courant de cet échange.

Ce dernier lui a répondu qu’il était trop tard, affirmant qu’il n’était plus possible de communiquer avec l’équipe du sabotage car tout contact aurait pu mettre en danger l’opération. « Il a été dit [à M. Zelensky], c’est comme avec une torpille, une fois que vous l’avez lancée sur l’ennemi, vous ne pouvez pas la récupérer, elle continue jusqu’à faire boum », décrit un haut gradé, informé de cette conversation, cité par le WSJ.

Les médias allemands, qui ont révélé l’avancée récente de l’enquête judiciaire, sont beaucoup plus prudents sur l’implication des hautes autorités ukrainiennes et tendent au contraire à disculper le président Zelensky au moins. L’hebdomadaire Der Spiegel évoque en revanche une possible implication de M. Zaloujny.

Le Monde avec AFP et Reuters

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