La mort du socialiste Henri Nallet, qui fut, sous François Mitterrand, garde des sceaux et deux fois ministre de l’agriculture

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Henri Nallet, à Paris, en septembre 2016.

Son allure très britannique peinait à dissimuler une passion retenue. Ancien ministre de François Mitterrand, Henri Nallet, qui avait de nombreux ennuis de santé, est décédé le 29 mai à Paris à l’âge de 85 ans. « C’est un grand homme d’Etat que la France perd aujourd’hui », a salué Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation Jean Jaurès dont Nallet était président d’honneur. Emmanuel Macron a rendu hommage à sa « flamme de l’engagement pour la justice ».

Fils d’un opticien, résistant ex-communiste, radical puis poujadiste, Henri Nallet naît le 6 janvier 1939 à Bergerac (Dordogne) où il fait ses études secondaires. En classe de 5e, à l’âge de 13 ans, il entre à la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC). Devenu secrétaire général de la JEC, ce jeune protestant se heurte à la hiérarchie catholique qui récuse son engagement social et démissionne en 1964. Sorti major de l’Institut d’études politiques de Bordeaux en 1961, titulaire d’une licence de droit public en 1962 et d’un diplôme d’études supérieures de sciences politiques en 1966, avec un mémoire sur l’agriculture, il rejoint en 1965 la FNSEA comme chargé de mission auprès de Michel Debatisse, secrétaire général du syndicat agricole. Mais jugé trop à gauche, il claque la porte en 1970.

Extrême courtoisie

Fondateur du Centre de recherche et d’intervention révolutionnaire qui prépare Mai 68, Henri Nallet, avocat, s’essaie au journalisme jusqu’en 1973 à l’hebdomadaire protestant Réforme. C’est là qu’il fait la connaissance de Pierre Joxe qui le convainc d’intégrer l’équipe de campagne de François Mitterrand en 1980. A la même époque, il épouse une journaliste de Croissance des jeunes nations, Thérèse Leconte, dont il aura un fils, Vincent.

Henri Nallet fait une carrière de chercheur dans l’agriculture, une passion qui le conduit en 1970 à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) où il dirigera jusqu’en 1981 le département de sociologie rurale et inspirera fortement la gauche paysanne. En juillet 1981, il devient conseiller technique de Mitterrand chargé des questions agricoles. En avril 1985, il succède à Michel Rocard comme ministre de l’agriculture dans le gouvernement de Laurent Fabius. Il pacifie les relations avec la FNSEA, négocie l’élargissement de la Communauté économique européenne à l’Espagne et au Portugal et soutient les Restos du cœur.

Technicien doué d’un sens politique, Henri Nallet, toujours d’une extrême courtoisie, dégage une image de raideur, voire de froideur, mais l’homme est drôle et chaleureux dans le privé. En avril 1986, il est élu député de l’Yonne, réélu en 1988 puis en 1997. Ce n’est qu’en 1986 qu’il adhère au Parti socialiste, auquel il demande de ne pas « refaire le monde sur catalogue mais de s’imposer l’ascèse d’un vrai programme de gouvernement ». Attaché à l’action locale et au service public, il est maire de Tonnerre (Yonne) de mars 1989 à juin 1998.

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