la mémoire vive du cimetière américain de Colleville-sur-Mer

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Il est un lieu que la plupart des Américains visitant la France pour la première fois ne manqueraient pour rien au monde. Un lieu qu’ils placent en tête de leur bucket list, entendez : la liste des choses qu’il faut avoir vues ou faites avant de mourir, et qui devance la tour Eiffel ou le mont Saint-Michel. Un lieu singulier dont l’entrée est gratuite et où ne s’exerce aucun commerce ; un lieu dont la beauté le dispute à la solennité, l’émotion à la sérénité, sans exclure une part de tristesse. On imaginait que l’attrait qu’il représente s’estomperait avec les années qui nous séparent de la seconde guerre mondiale, que les visites familiales s’espaceraient jusqu’à s’éteindre doucement. Or, c’est l’inverse : le cimetière américain de Colleville-sur-Mer (Calvados) n’a jamais été aussi fréquenté depuis son ouverture solennelle, en 1956. On y attend cette année près de 2 millions de visiteurs. Les grandes commémorations, comme le 80e anniversaire du débarquement en Normandie, ne font qu’en accroître l’aura.

Face à la mer, surplombant la plage d’Omaha, 9 388 stèles de marbre blanc de Lasa s’y côtoient en un alignement parfait sur une pelouse manucurée, entretenue par une vingtaine de jardiniers. Nulle hiérarchie entre les tombes. Généraux et conscrits reposent côte à côte, et sur les croix latines ou étoiles de David sont simplement gravés le nom, le grade, l’unité combattante, l’Etat d’incorporation, la date officielle du décès et le numéro de la plaque d’identité militaire. Aucune mention de l’âge, car il ne saurait être question qu’on s’apitoie davantage sur la mort d’un très jeune homme que sur celle d’un grand aîné. On sait simplement que les inhumés avaient en moyenne 22 ans. La plupart ont péri lors du Débarquement.

La question de l’enterrement des soldats morts au combat se pose dès le soir du 6 juin 1944, où l’on dénombre, côté alliés, un peu plus de 10 000 victimes. Le 7 juin au matin, l’armée américaine improvise un cimetière à même la plage d’Omaha, au pied de la falaise, entre Vierville-sur-Mer et Saint-Laurent-sur-Mer. Il faut faire vite, les morts affluent, l’American Graves Registration Service (le service américain d’enregistrement des sépultures) est à la manœuvre, chargé d’anticiper, de repérer des sites et de louer des terres sur lesquelles seront installés dans l’urgence des cimetières provisoires. Il y en aura ainsi une dizaine en Normandie, créés au fil de l’avancée de l’armée, en fonction de l’intensité des combats et de la localisation des hôpitaux de campagne. Cependant, après la guerre, les Américains souhaitent créer un grand cimetière de la bataille de Normandie. En 1947, la France offre donc à ses libérateurs un terrain de 70 hectares, surplombant Omaha Beach.

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