la justice doit passer pour Donald Trump

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Donald Trump a tordu jusqu’à présent avec succès les règles de fonctionnement du Parti républicain. Après avoir rendu accessoire l’idée même de programme, l’ancien homme d’affaires s’est abstenu de participer à l’exercice démocratique des débats de la primaire présidentielle du Grand Old Party. Il considère aujourd’hui, après le vote de seulement deux Etats, l’Iowa et le New Hampshire, que l’investiture pour l’élection du 5 novembre devrait lui être octroyée au plus vite.

Cette stratégie d’évitement est également adoptée dans les nombreuses procédures judiciaires auxquelles il fait face et qu’il tente de freiner et de repousser après le scrutin, en espérant qu’un retour à la Maison Blanche lui permette de ne pas avoir à rendre des comptes. Dans au moins un des dossiers, il peut compter sur une juge nommée par ses soins, en Floride. Cette dernière fait traîner en longueur la procédure visant une infraction aussi grave qu’indiscutable : la conservation illégale de documents classifiés dans sa résidence après son départ du pouvoir.

Dans l’affaire la plus importante qui le concerne, les manœuvres de l’ancien homme d’affaires se sont cependant heurtées le 6 février à la cour d’appel du district de Columbia. Cette dernière lui a infligé un sérieux revers en estimant que l’ex-président ne pouvait pas avancer l’argument de son immunité pour empêcher la tenue du procès sur son rôle dans la tentative de coup de force qu’a constitué l’assaut de ses partisans contre le Capitole, le 6 janvier 2021. Cet assaut visait à empêcher la certification des résultats de la présidentielle dont il assure, jusqu’à ce jour et contre toute évidence, qu’elle a été « truquée ».

Controverse juridique

Certes, Donald Trump peut encore saisir la Cour suprême des Etats-Unis dans l’espoir d’une décision qui lui soit favorable. La solide argumentation avancée le 6 février par trois juges (deux nommés par un président démocrate et un par un président républicain) qui ont considéré à l’unanimité que « la position de l’ancien président Trump provoquerait l’effondrement de [leur] système de séparation des pouvoirs, en plaçant le président hors de portée des trois branches », lui laisse cependant très peu de marges de manœuvre.

Les juges n’ont pas à se substituer aux électeurs. C’est pourquoi cette même Cour suprême pourrait invalider la décision de deux Etats, le Colorado et le Maine, d’exclure Donald Trump des élections du fait de son rôle dans l’assaut du 6 janvier 2021 sur la base d’un alinéa d’un amendement de la Constitution qui rend inéligible un responsable politique ayant prêté serment s’il a participé à une insurrection. Son interprétation nourrit depuis des mois une vive controverse juridique. En revanche, les juges sont fondés à faire en sorte que les électeurs puissent se forger leur propre jugement en disposant de tous les éléments nécessaires.

C’est la raison pour laquelle la tenue des procès qui visent l’ex-président est impérative, à commencer par celui qui concerne la contestation des résultats de la présidentielle de 2020. Car il ne s’agit plus désormais du simple dépit d’un mauvais perdant. Donald Trump fait de la revanche contre tous ceux qui ne l’ont pas suivi aveuglément à cet instant le programme d’un éventuel retour au pouvoir. La théorie du complot de l’« élection volée » est devenue le credo d’un culte dévastateur pour la démocratie aux Etats-Unis.

Le Monde



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