La Hongrie en passe de gagner la bataille européenne de la voiture électrique

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Chantier d’une usine de batteries pour véhicules électriques par la société chinoise CATL, à Debrecen (Hongrie), le 23 mai 2023.

Des chantiers à perte de vue, des usines qui surgissent de terre en un temps record, des milliers de travailleurs amenés du monde entier pour travailler 24 heures sur 24 pour en faire avancer la construction… Aucune ville en Europe ne change actuellement aussi rapidement grâce au virage de la mobilité électrique que Debrecen, en Hongrie.

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Deuxième ville de ce pays d’Europe centrale, la cité située à deux heures et demie de route à l’est de Budapest prévoit de créer d’ici quelques années plus de 15 000 emplois, pour produire sur des centaines d’hectares des voitures électriques dans une usine dernier cri de BMW et des batteries pour le géant chinois CATL.

Ce boom spectaculaire d’une ville jusqu’ici un peu endormie est devenu le meilleur symbole du rêve de Viktor Orban de faire de son pays « une superpuissance » de la mobilité électrique en profitant de la décision européenne d’arrêter en 2035 la vente de voitures thermiques neuves.

Expertise accumulée

« Nous étions déjà en 2022 le quatrième producteur mondial de batteries », célèbre avec un grand sourire Peter Kaderjak, président de l’Association hongroise des batteries, une structure en pleine croissance installée dans des bureaux tout neufs sur les bords du Danube. Selon les projections de la Cour des comptes européenne, la Hongrie devrait être d’ici à 2030 le deuxième principal producteur de batteries en Europe, avec une capacité de production annuelle comprise entre 178 et 188 gigawattheures, soit autour de 3,5 millions de batteries de 50 kilowattheures. C’est certes derrière l’Allemagne, mais loin devant ses concurrents régionaux habituels, comme la Tchéquie, ou même d’un grand pays comme la France.

« On aura peut-être un quart de la capacité de production européenne alors qu’on est un tout petit pays », célèbre cet ancien secrétaire d’Etat de Viktor Orban, en listant les facteurs explicatifs économiques de ce succès : « La Hongrie accueille déjà les trois principaux producteurs automobiles allemands, on a de bonnes infrastructures et une main-d’œuvre assez peu chère. »

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Avec déjà environ 5 % de son PIB dépendant de l’automobile et 150 000 employés dans le secteur, la Hongrie profite en effet de son expertise accumulée depuis son adhésion à l’Union européenne, en 2004, un élargissement qui a fait de toute l’Europe centrale la base arrière de l’industrie automobile allemande. Mais, désormais, Budapest compte surtout sur les capitaux asiatiques et notamment chinois pour gagner la bataille de l’électrique.

La première usine de batteries hongroise a été ouverte sur place en 2017 par le coréen Samsung et affiche déjà une capacité de près de 40 gigawattheures. A Debrecen, le chinois CATL a promis de construire à terme la plus grande usine de batteries d’Europe, avec une capacité annoncée de 100 gigawattheures. Et en décembre 2023, BYD, principal concurrent de Tesla au niveau mondial, a annoncé à son tour qu’il avait choisi Szeged, dans le sud de la Hongrie, pour ouvrir sa première usine de voitures électriques sur le Vieux Continent, aux dépens des espoirs français.

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