la gauche règle ses comptes par estrades interposées

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Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s’exprime lors du dernier rassemblement électoral du principal candidat de LFI aux élections européennes, à Toulouse, le 1er juin 2024.

A une semaine de l’élection européenne, la tension est palpable à gauche, alors qu’une partie de l’électorat n’a pas encore arrêté son choix définitif. Par estrades interposées, socialistes, « insoumis » et écologistes, en meeting ce week-end à Marseille, Toulouse et Paris, se sont affrontés, plus ou moins brutalement. Dimanche 2 juin, quelque 1 600 militants (selon les organisateurs) étaient venus applaudir aux Docks d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) leur candidate, Marie Toussaint. En difficulté dans les sondages, la tête de liste écologiste, qui s’en est d’abord pris à son rival du Rassemblement national, Jordan Bardella, un « fasciste bien coiffé, avec des costumes ajustés, mais un fasciste quand même », n’a pu s’empêcher de cibler cette « gauche », qui reprend les idées écolos dans une « version affadie ». Elle a ensuite fait allusion à l’appel de sa rivale de La France insoumise (LFI), Manon Aubry, qui avait invité les électeurs écolos à reporter leurs voix sur la liste « insoumise ». « Avec des amies comme elle, pas besoin d’ennemis », a-t-elle commenté, considérant que « la guerre des gauches est une erreur ». Car, après le 9 juin, il faudra bien se « retrouver », mais ne surtout pas chercher à jouer « l’hégémonie ».

Un avertissement qui s’adresse aussi bien au leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qu’au candidat de Place Publique et du Parti socialiste (PS) Raphaël Glucksmann. Ce dernier a proclamé que cette élection devait « trancher les lignes », autrement dit rebattre les cartes du centre de gravité à gauche après la présidentielle de 2022 quand LFI avait pris la tête de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), rompue au moment des massacres du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Quasiment au même moment, dimanche, le candidat du Parti communiste français, Léon Deffontaines, rejetait depuis Marseille les deux gauches, avec d’un côté, « celle de [l’ancien président de la République (2012-2017)] François Hollande, la gauche libérale qui a tourné le dos aux travailleurs », et de l’autre, « la gauche outrancière qui cherche à diviser ». Visant ainsi à la fois Raphaël Glucksmann, soutenu par l’ancien dirigeant socialiste, et LFI.

Mais la principale passe d’armes avait eu lieu la veille. En meeting à Toulouse, la « ville rouge » où le mouvement est en terrain conquis, LFI a livré une nouvelle charge contre la liste socialiste, qui domine la gauche dans les sondages. Privée d’un grand rassemblement en plein air après un cafouillage avec les services de la préfecture, l’organisation s’était repliée sur le centre de congrès Pierre-Baudis. « A défaut de réveiller l’Europe, comme le dit leur slogan de campagne, Raphaël Glucksmann aura au moins réveillé le fantôme de François Hollande », a fustigé Manon Aubry devant quelque 3 000 personnes, selon le mouvement. Elle a aussi renvoyé l’eurodéputé au « bilan » de l’ancien président et ses mesures phares, comme « le CICE [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi], la déchéance de nationalité, les cadeaux fiscaux aux plus grandes entreprises, la loi travail ». Ironie du week-end, vingt-quatre heures plus tard, Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, considérait sur Radio J qu’au contraire, le « vote Glucksmann, c’est de fait un vote Nupes », dont Manon Aubry continue de défendre le programme.

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