La France dévoile son plan pour la reconstruction du port de Beyrouth

4804


Sylvain Bourgois, de la société Egis, présente la proposition de reconstruction du port, lors d’une conférence à Beyrouth, le 13 mars 2024.

Depuis l’explosion survenue le 4 août 2020, le chantier de la reconstruction du port de Beyrouth attise les convoitises. La France a poussé son avantage en dévoilant, mercredi 13 mars, une proposition préparée par les entreprises d’ingénierie Artelia et Egis, et EDF pour le volet photovoltaïque, en coordination avec le ministère des transports libanais et les autorités du port de Beyrouth. Ce plan prévoit des investissements de l’ordre de 50 millions à 80 millions de dollars (entre 46 millions et 73 millions d’euros) pour réhabiliter et réaménager la zone portuaire située entre le terminal à conteneurs et le port militaire.

« Le plan est accepté, et les recettes du port serviront à financer les investissements requis », comme le suggère la proposition française, a confirmé au Monde le ministre des travaux publics et des transports, Ali Hamie, lors de la présentation à laquelle il a assisté aux côtés du premier ministre, Najib Mikati. Principale source de revenus de l’Etat, le port de Beyrouth enregistre des recettes en hausse après avoir subi les effets de la crise économique et financière de 2019, la pandémie de Covid-19 et l’explosion. En 2023, ses revenus ont atteint 150 millions de dollars, a précisé le directeur général du port, Omar Itani.

« L’économie libanaise a besoin d’un port reconstruit, modernisé et sécurisé », a plaidé l’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro. Paris, qui a fait du dossier du port de Beyrouth une priorité et l’un des piliers de la coopération française au pays du Cèdre, a réussi à s’imposer sur le dossier. Des étapes cruciales restent néanmoins à finaliser, côté libanais, pour mettre ce plan en œuvre, comme le déblaiement des déchets dans la zone portuaire, le plan de financement et la réforme de la gouvernance portuaire.

Echanges d’expertise

Le président Emmanuel Macron avait très tôt manifesté l’intérêt de la France pour ce chantier. Premier chef d’Etat étranger à s’être rendu au Liban après la catastrophe, le 6 août 2020, il y était revenu un mois plus tard avec le PDG franco-libanais du groupe CMA CGM, Rodolphe Saadé. Le plan que ce dernier a présenté pour construire un smart port (« port intelligent ») est resté sans suite. Le géant du transport maritime a néanmoins remporté, début 2022, avec le soutien appuyé de Paris, la concession du terminal à conteneurs du port de Beyrouth pour dix ans. Il prévoit d’investir 33 millions de dollars pour moderniser le terminal, qui assure au port la majeure partie de ses rendements.

D’autres propositions ont été écartées, comme l’ambitieux projet de 30 milliards de dollars, présenté en avril 2021 par un consortium de compagnies maritimes allemandes, dont le Hamburg Port Consulting, pour reconstruire le site et réaménager les quartiers adjacents. Les autorités libanaises ont opté pour l’élaboration d’un plan présenté comme plus « pragmatique » par la partie française. L’ambition est que Beyrouth redevienne un port international, tourné vers l’import et l’export, mais à la mesure des moyens du pays. Les investisseurs et bailleurs internationaux refusent toujours de financer la reconstruction en l’absence de réformes structurelles.

Il vous reste 48.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link