la distribution du Beyfortus interrompue dans les pharmacies de ville

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« Ça tarde, ça patine », disent les uns, face à des délais de livraison qui s’allongent. « Ça va venir », soufflent d’autres, plus optimistes. Les pharmaciens, en première ligne pour délivrer, « en ville », le traitement Beyfortus pour prévenir la bronchiolite du nourrisson, tentent de répondre comme ils peuvent à l’impatience des parents.

« Certains sont venus nous voir avec leur prescription avant même le lancement officiel de la campagne d’immunisation, le 15 septembre », rapporte Bruno Maleine, président du Conseil central des pharmaciens d’officine. « La triple épidémie de l’hiver dernier, les urgences et les cabinets saturés, ça a marqué les esprits, souligne ce pharmacien installé à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). J’essaie de les rassurer en expliquant le protocole, nouveau, et l’impossibilité de faire des stocks… Mais les délais d’approvisionnements restent encore très flous. »

Le Beyfortus, victime de son succès ? C’est l’argument qui résonne au ministère de la santé. Dans les maternités, le taux d’adhésion au nouveau traitement chez les parents de nourrisson dépasse 60 %, et même 80 % dans certains établissements, selon les premières remontées.

Au point de pousser le ministère de la santé, dans un souci de « bonne gestion » des stocks disponibles, à revoir, le 26 septembre, sa stratégie : désormais, la version à 50 milligrammes (mg) du traitement, destinée aux bébés de moins de 5 kilogrammes (kg) – ceux les plus à risque d’une forme grave de bronchiolite – est réservée aux maternités.

La pression est montée d’un cran vendredi 29 septembre : les professionnels de santé ont reçu de la direction générale de la santé un message urgent les informant que les livraisons de la version du médicament à 100 milligrammes, destinées aux bébés de plus de 5 kg, sont « temporairement interrompues » dans les pharmacies de ville, et recommandant aux médecins de ville de suspendre leurs prescriptions. Les commandes passées jusqu’au 25 septembre devraient pouvoir être honorées ces prochains jours. Mais il faudra attendre novembre pour une seconde livraison.

« On navigue à vue »

La veille, jeudi 28 septembre, sur Franceinfo, le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, avait rappelé que la « priorité des priorités » allait aux nourrissons en maternité. « Pour les autres, on est en lien permanent avec le laboratoire producteur, avait-il dit. (…) Dès qu’on a [des doses], on les bascule en pharmacie. »

« 50 mg, 100 mg… De toute façon, depuis le début de la campagne, on navigue à vue, de promesse de livraison en promesse de livraison », témoigne, anonymement, la titulaire d’une pharmacie du 14e arrondissement de Paris. Elle pensait être « dans les clous » en passant commande, dès la mi-septembre, de dix doses – cinq à 50 mg, cinq à 100 mg. Avant de voir chacune de ses demandes retoquée.

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