la crise en mer Rouge dérègle le transport maritime

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Le vraquier battant pavillon grec « Sea Champion » est amarré au port d’Aden, au Yémen, où il est arrivé après avoir été attaqué en mer Rouge par les rebelles houthistes, le 21 février 2024.

Les attaques de navires en mer Rouge par les rebelles houthistes n’en finissent pas de perturber le commerce maritime mondial. Six mois après le début de la crise, les prix du fret s’envolent, les itinéraires sont rallongés, et plusieurs ports de la Méditerranée sont saturés.

Malgré la mise en place, par Washington, d’une force multinationale de protection maritime, début 2024, les rebelles yéménites continuent d’attaquer, au nom de la solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, des navires entretenant des liens avec Israël et passant par le détroit de Bab Al-Mandab, proche du canal de Suez.

Loin de faiblir, la menace est même montée d’un cran. Le 26 avril, un drone a touché le porte-conteneurs MSC-Orion sans faire de dégâts importants ni de victimes, alors qu’il se trouvait à 600 kilomètres des côtes du Yémen, au beau milieu de l’océan Indien, un rayon d’action qui n’avait jamais été aussi large. Plus d’une cinquantaine de navires ont été visés par des attaques depuis novembre 2023. L’un a été coulé, un autre arraisonné par des rebelles. « Les armateurs se rendent compte que la crise est là pour durer et ils mettent en place une nouvelle réorganisation avec de nouvelles dessertes », observe Pierre Cariou, économiste spécialiste du transport maritime à la Kedge Business School.

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Ces attaques forcent les compagnies maritimes à détourner leurs navires du canal de Suez vers le cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud de l’Afrique, rallongeant les trajets entre l’Europe et l’Asie de plus de 21 000 kilomètres. D’après les données du site PortWatch, géré par le Fonds monétaire international (FMI), entre quinze et trente-cinq porte-conteneurs passaient chaque jour par le canal de Suez, début mai, contre de 70 à 80 à la fin de novembre 2023, soit une chute de moitié.

Hausse de la demande

Une réorganisation surtout synonyme de désorganisation pour les clients des compagnies maritimes qui s’inquiètent des ruptures d’approvisionnement. « Nous ne savons plus où se trouvent nos marchandises, nous sommes dans le flou… Des conteneurs sont déchargés sur le chemin, alors qu’ils ne le devraient pas, car ils transportent du matériel sensible, fulmine Jean-Michel Garcia, de l’Association des utilisateurs de transport de fret. A cela s’ajoutent des frais de surcharge, qui nous sont facturés par les compagnies maritimes et qui ne sont ni expliqués ni explicables, et leurs tarifs sur le long terme ne sont plus respectés. »

Alors que le taux de fret avait diminué au cours des premiers mois de l’année, il est soudainement reparti à la hausse. L’indice mondial des conteneurs de Drewry a augmenté de plus 16 % sur les quinze premiers jours de mai, passant de 2 706 dollars (2 490 euros) à 3 159 dollars (2 912 euros) pour le transport d’un conteneur de 40 pieds (12,20 mètres) à destination ou en provenance des Etats-Unis, de l’Europe et de l’Asie.

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