La Chine mène des « exercices de tir réel longue portée » autour de Taïwan, dans une nouvelle démonstration de force

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A l’extérieur d’un centre commercial à Pékin, le 1er avril 2025, un écran géant diffuse  des images d’actualités montrant les exercices de l’armée chinoise autour de Taïwan.

Pékin poursuit sa démonstration militaire autour de Taïwan. Au lendemain d’importantes manœuvres simulant un blocus de l’île qu’elle revendique, la Chine a lancé, mercredi 2 avril, de nouveaux exercices d’envergure dans le détroit de Taïwan.

Cette fois, sous le nom de code « Tonnerre dans le détroit- 2025A », l’opération vise à tester les capacités des troupes en matière de « contrôle des zones » et de « blocus », a déclaré Shi Yi, porte-parole du commandement du théâtre oriental de l’armée chinoise, dans un communiqué. Elle comprend des « exercices de tir réel longue portée » et des simulations des « frappes sur des ports et des infrastructures énergétiques clés », a ensuite précisé le porte-parole.

Le ministère de la défense taïwanais a confirmé le début de ces exercices, sans fournir davantage de précisions. Le détroit de Taïwan, zone de passage clé pour le transport maritime mondial, est un point de tension majeur entre grandes puissances, en particulier la Chine et les Etats-Unis.

Mardi, la Chine avait mobilisé des forces terrestres, navales et aériennes autour de l’île, entraînant l’envoi d’avions et de navires par Taipei et le déploiement de ses systèmes de missiles. Le ministère de la défense taïwanais a déclaré avoir détecté, mardi, vingt et un navires de guerre autour de l’île, dont le porte-avions Shandong, 71 avions et quatre navires de garde-côtes. Il s’agit du nombre le plus élevé de navires de guerre détectés en une seule journée depuis près d’un an, et le plus grand nombre d’avions depuis octobre 2024.

Ces exercices, qui n’avaient pas été annoncés, surviennent quelques jours après une tournée en Asie du secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, qui a affirmé que Washington assurerait la « dissuasion » dans le détroit de Taïwan.

La Chine « met en danger » la sécurité régionale, selon Washington

La Chine a mené plusieurs exercices à grande échelle autour de Taïwan ces dernières années, déployant avions de chasse et navires de guerre pour appuyer sa revendication de souveraineté, rejetée par Taipei. Ces manœuvres sont souvent décrites par les experts comme des répétitions pour un encerclement de l’archipel. Les analystes estiment que la Chine est plus susceptible de tenter un blocus de Taïwan que de lancer une invasion totale, qui serait plus risquée et nécessiterait un déploiement militaire massif.

A Washington, le département d’Etat a accusé la Chine de « mettre en danger » la sécurité régionale, tandis que la Maison Blanche a réitéré « l’opposition des Etats-Unis à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition ».

« Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute action susceptible d’aggraver les tensions », a déclaré une porte-parole de la diplomatie de l’Union européenne, Anitta Hipper.

Insecte « parasite »

Le Parti communiste chinois n’a jamais gouverné Taïwan mais n’exclut pas l’usage de la force pour en prendre le contrôle. Pékin est particulièrement hostile à l’égard du président, Lai Ching-te, élu démocratiquement en 2024, qui affirme que Taïwan est « déjà un pays indépendant » et a récemment qualifié la Chine de « force hostile étrangère ». Mardi, l’armée chinoise a ainsi publié une vidéo représentant le dirigeant taïwanais en insecte « parasite » brûlant sur un brasier.

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Les revendications du Parti communiste chinois sur Taïwan remontent à 1949, lorsque les Républicains chinois s’y sont réfugiés après leur défaite face à l’armée communiste. L’île principale de Taïwan, peuplée par des peuples autochtones depuis des milliers d’années, a été partiellement contrôlée par les Espagnols, les Hollandais, la dynastie chinoise des Qing, puis intégralement par le Japon jusqu’en 1945.

La Chine s’oppose au soutien de Washington. Les Etats-Unis sont le principal fournisseur d’armes de Taipei depuis des décennies, mais entretiennent une « ambiguïté stratégique » quant à leur intervention en cas d’attaque chinoise.

Le Monde avec AFP

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