La chasse aux drones russes, le nouveau défi de l’armée ukrainienne

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Un membre de l’unité antiaérienne de la 72ᵉ brigade ukrainienne indique la direction d’un drone de reconnaissance russe Zala aperçu, près de Marïnka (Ukraine), le 23 février 2024.

L’ennemi voit tout, ou presque. Embarquées à bord de drones de reconnaissance tactiques (DRT), ses caméras scrutent le champ de bataille, et bien au-delà, à une profondeur dépassant les 100 kilomètres. Nuit et jour, des dizaines, voire des centaines de ces engins russes volent simultanément au-dessus du territoire ukrainien, coordonnés entre eux et embarquant de plus en plus souvent de l’intelligence artificielle. Leur rôle : détecter tout ce qui bouge, tout ce qui ressemble à un véhicule militaire, à un blindé, à un radar, à une pièce d’artillerie, à un centre de commandement, à une concentration de soldats, à un avion au sol.

Une fois la cible identifiée, ce drone permet soit de déclencher une frappe immédiatement, soit de traquer un véhicule en déplacement jusqu’à son lieu de stationnement en attendant une frappe différée. Les Forces armées d’Ukraine ont subi et continuent de subir de lourdes pertes matérielles et humaines en raison de ce type de renseignement militaire en temps réel, extrêmement précis et efficace, auquel il est très difficile de se dérober.

Le déploiement prévu pour la fin de l’été des avions de combat F-16 livrés par plusieurs pays européens à l’Ukraine est tout spécialement guetté par les drones russes. Les forces aériennes ukrainiennes ont ces derniers mois perdu plus d’une dizaine d’appareils de combat au sol (avions et hélicoptères), qui avaient été repérés par des DRT.

L’utilisation des canons automoteurs français Caesar, dont l’avantage opérationnel consiste à tirer rapidement une série d’obus puis à s’éloigner avant la riposte de contrebatterie adverse, devient aussi beaucoup plus risquée. D’une part en raison de leur très grande taille, qui les rend difficiles à dissimuler. D’autre part, parce que, si leur mobilité était un atout au début de la guerre, c’est moins le cas aujourd’hui : les drones de reconnaissance tactiques repèrent plus facilement une cible en mouvement qu’un Caesar tapi dans une fosse sous un filet de camouflage. En outre, l’armée russe dispose d’une munition rôdeuse, le Lancet, qui, couplée avec le drone Zala, est capable de s’orienter vers une cible se déplaçant à 80 kilomètres/heure, la vitesse de pointe du Caesar sur une route asphaltée.

Production « en série à un coût très bas »

L’utilisation des drones de reconnaissance tactiques pour le renseignement et la correction de tir constitue aujourd’hui l’un des principaux défis militaires auxquels l’Ukraine fait face, tout comme la Russie d’ailleurs, puisque les deux armées utilisent ce type de drone. « Les DRT sont utilisés depuis plus de dix ans, et étaient présents au début de l’invasion, mais ils se sont mis à pulluler dans le ciel au printemps 2024 », explique l’analyste militaire Oleksandr Kovalenko, basé à Odessa, une ville fréquemment survolée par les DRT russes. « C’est la conséquence de la destruction par notre défense antiaérienne de leurs A-50 [un avion de détection équipé de radars puissants] et de nos nombreuses frappes sur leurs stations radars au sol. Du fait qu’on est coincés dans une guerre de position, les frappes précises dans la profondeur ont un très fort impact ».

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