La BCE recense les risques liés à l’intelligence artificielle en finance

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Le siège de la BCE, à Francfort-sur-le-Main, dans l’ouest de l’Allemagne, le 12 mars 2020.

Un « bond en avant » technologique qui peut favoriser le progrès économique mais n’est pas sans risques pour les marchés financiers. C’est le constat dressé par des chercheurs de la Banque centrale européenne (BCE), jeudi 16 mai, sur l’essor des technologies d’intelligence artificielle (IA) dans les institutions financières.

Première conclusion de cette étude publiée dans le cadre de la Revue de stabilité financière, semestriel de l’institution de Francfort : au vu du potentiel qui lui est prêté et de la richesse des données dont disposent déjà les institutions financières, l’IA devrait être déployée, dans les prochaines années, dans la gestion comme dans la production de données financières, mais aussi en matière de gestion des risques, de relations avec les clients et de cybersécurité.

Son utilisation pour établir des prévisions pourrait ainsi « améliorer l’efficacité de l’intermédiation financière » et conduire à « de meilleures prises de décision, et donc de meilleurs résultats en matière d’investissement et d’allocation d’actifs ».

A condition toutefois que ces prévisions soient exemptes des risques inhérents à ces technologies que sont les « hallucinations », ces résultats faux ou trompeurs de l’analyse de données, mais aussi les biais des algorithmes utilisés et les défauts des données qui les alimentent.

L’IA dans la lutte contre la fraude

« Si les institutions financières fondent leurs décisions sur des prédictions d’IA faussées et non vérifiées, cela pourrait conduire à des pertes économiques ou même à des mouvements de marchés désordonnés », explique l’étude.

Le recours à l’IA dans la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent, la gestion des risques de liquidité ou la « compliance », la conformité à la réglementation en vigueur, peut améliorer ces tâches essentielles, tout en réduisant leur coût. Mais elle risque également d’avoir un impact sur la capacité du secteur financier dans son ensemble à résister à des chocs inattendus. D’où la nécessité d’« une surveillance étroite par toutes les parties prenantes, y compris les instances de direction des institutions financières et les autorités de supervision », conclut l’étude

D’autant que les effets du recours à l’IA peuvent être amplifiés, à la fois, par le niveau de « pénétration technologique », soit le grand nombre d’institutions comme d’entreprises financières dans lesquelles ces technologies seront déployées simultanément, et par la concentration des acteurs de l’IA.

« Jugement humain »

« Si une majorité d’institutions financières utilisent des modèles de base identiques ou très similaires, mis à disposition par un petit nombre de fournisseurs », explique l’étude de la BCE, cela pourrait conduire à « des distorsions de prix des actifs, une corrélation accrue, des comportements grégaires ou des bulles ».

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