Joe Biden s’apprête à taxer à 100 % les véhicules électriques chinois

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Des voitures électriques BYD en attente de chargement au port de Suzhou, près de Shanghaï (Chine), le 8 février 2024.

Le président américain, Joe Biden, s’apprête à quadrupler les droits de douane sur les véhicules électriques chinois, qui atteindraient alors 100 %. C’est la révélation faite vendredi 10 mai par le Wall Street Journal (WSJ), selon qui l’annonce officielle devrait avoir lieu la semaine prochaine, sans doute mardi 14 mai. Seraient aussi concernés les batteries, les équipements pour panneaux solaires et les minéraux rares, poursuit le quotidien, qui note que cette décision survient après un examen des mesures décidées par le précédent président, Donald Trump, depuis 2018.

Le démocrate Joe Biden s’est révélé aussi protectionniste que son prédécesseur républicain vis-à-vis de la Chine, puisqu’il n’a jamais réduit les droits imposés par ce dernier. Selon le WSJ, ses équipes étaient divisées entre les partisans de mesures plus dures et ceux qui prônaient un assouplissement, notamment la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, qui cherche à apaiser les relations sino-américaines. Lors d’un voyage à Pékin, celle-ci a toutefois invité ses homologues chinois à ne pas inonder le marché américain de leurs produits.

Sans surprise, les Chinois se disent furieux. « Au lieu de corriger leurs mauvaises pratiques, les Etats-Unis ont continué à politiser les questions économiques et commerciales, a déclaré vendredi Lin Jian, porte-parole du ministère des affaires étrangères. Augmenter encore les droits de douane, c’est ajouter l’insulte au préjudice. »

Un marché intérieur dominé par les marques nationales

L’annonce a lieu en pleine campagne électorale pour l’élection présidentielle de novembre. Dans un récent meeting, en mars, Donald Trump a expliqué que le secteur automobile connaîtrait un « bain de sang » s’il n’était pas élu, en raison des véhicules chinois bon marché qui allaient se déverser dans le pays. Pendant la grève qui a frappé à l’automne 2023 les constructeurs historiques de Detroit (GM, Ford, Stellantis ex-Chrysler), il avait assuré qu’en réclamant des hausses de salaires, les syndicats se trompaient de combat car in fine, ils perdraient leur emploi avec la bascule du moteur thermique vers l’électrique. Donald Trump a promis de taxer toutes les importations de 10 % et celles en provenance de Chine de 60 % s’il est réélu.

Joe Biden, lui, était allé soutenir les grévistes sur un piquet de grève et avait fini par obtenir, début 2024, le soutien de Shawn Fain, le nouveau patron de United Auto Workers, le plus gros syndicat du pays, pour l’élection présidentielle.

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L’affaire devrait conforter en Europe les partisans de mesures protectionnistes similaires. Toutefois, la situation est différente. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la part de marché des voitures électriques pourrait atteindre jusqu’à 45 % en Chine en 2024, 25 % en Europe et seulement 11 % aux Etats-Unis, où les consommateurs se rebiffent. Surtout, les exportations directes de véhicules électriques de la Chine vers les Etats-Unis ne représentaient que 368 millions de dollars (342 millions d’euros) en 2023, sur un marché intérieur dominé par les marques nationales, en raison de droits de douane déjà existants de 27,5 %. Un chiffre très inférieur aux importations européennes, qui atteignaient 13,5 milliards de dollars l’an dernier, selon l’Atlantic Council.

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