« Certainement pas ». Le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a sèchement refusé, mardi 13 février, d’autoriser tout vote sur le dernier projet de loi d’aide à l’Ukraine, ignorant ainsi l’appel lancé plus tôt par le président américain, Joe Biden.
Le rejet du speaker de la Chambre vient torpiller l’enveloppe de 95 milliards de dollars (89 milliards d’euros environ) d’aide pour l’Ukraine, Israël et Taïwan, approuvée mardi par le Sénat, la chambre haute du Congrès, elle à majorité démocrate.
« Je le dis aux républicains de la Chambre : vous devez choisir. Allez vous défendre la liberté ou prendre le parti de la terreur et de la tyrannie ? Serez-vous avec l’Ukraine ou avec Poutine ? Choisirez-vous l’Amérique ou Trump ? » a lancé, mardi, le président démocrate lors d’une courte allocution à la Maison Blanche pour convaincre les républicains réticents. En vain.
En pleine année électorale, la question s’est transformée en bras de fer entre Joe Biden et son prédécesseur à la Maison Blanche, Donald Trump, alors que les deux hommes sont les grands favoris pour représenter leur camp lors de l’élection présidentielle de novembre.
En ordre de bataille derrière Donald Trump
Le démocrate de 81 ans a, dans son allocution mardi, étrillé les récents propos de son rival sur l’OTAN. Samedi, Donald Trump avait affirmé qu’il « encouragerait » la Russie à s’en prendre aux pays de l’Alliance atlantique de défense si ceux-ci ne payaient pas leur part. « C’est idiot, c’est indigne, c’est dangereux, c’est antiaméricain », a asséné Joe Biden. « Il croit que [l’OTAN] est un système de racket. Il ne comprend pas que l’OTAN s’appuie sur des principes fondamentaux de liberté, de sécurité et de souveraineté », a poursuivi Joe Biden. « Pour Trump, les principes ne comptent pas, tout se marchande », a encore dit le président américain.
Mais le Grand Old Party s’est déjà mis en ordre de bataille derrière Donald Trump. Au Sénat à majorité démocrate, plusieurs républicains ont voté en faveur de l’aide à l’Ukraine, permettant l’adoption du texte à la majorité qualifiée. Mais c’est une tout autre affaire à la Chambre des représentants, à majorité républicaine. Son président Mike Johnson, proche de Donald Trump, refuse depuis des mois d’examiner le texte sans changement sur, tout autre sujet, la politique migratoire de l’administration Biden. « La sécurité nationale commence avec la sécurité à la frontière », a-t-il insisté mardi.
Les républicains demandent que l’aide à l’Ukraine soit couplée à un durcissement de la politique migratoire, dans un contexte d’arrivées record à la frontière avec le Mexique. Un texte de compromis en ce sens avait récemment été présenté au Sénat. Mais les conservateurs l’ont finalement rejeté, assurant qu’il n’était pas assez ferme.
Difficile de ne pas y voir l’influence de Donald Trump, qui a fait de l’immigration clandestine un thème de campagne majeur et n’entend pas donner de victoire politique à Joe Biden en pleine année électorale.
Une assistance militaire interrompue depuis fin décembre
L’adoption du texte au Sénat a malgré tout été saluée mardi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui s’est dit « reconnaissant » envers les sénateurs américains. « Pour nous, en Ukraine, la poursuite de l’aide américaine permet de sauver des vies humaines de la terreur russe » au moment où « nous luttons pour la liberté, la démocratie », a-t-il déclaré sur la plate-forme X.
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De ce texte négocié au Congrès dépend en effet la reprise de l’assistance militaire à l’Ukraine, interrompue depuis fin décembre 2023. Les démocrates y sont, dans l’immense majorité, favorables. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes.
Lundi soir, le sénateur Lindsey Graham, jusqu’ici l’un des premiers soutiens républicains de l’aide à l’Ukraine, a annoncé qu’il s’opposerait finalement à l’adoption de la nouvelle tranche d’aide, préférant à la place un système de prêts… « comme le président Trump l’a suggéré ». Une illustration parmi tant d’autres de l’influence du candidat républicain au Congrès.