Israël veut contrôler le peu de nourriture qui entre dans la bande de Gaza

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Un centre de distribution de nourriture de l’UNRWA, agence de l’ONU pour les Palestiniens, bombardé à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 mars 2024.

Symbole des contradictions de l’aide israélienne aux civils de Gaza : mercredi 13 mars, peu après avoir bombardé un centre de distribution de nourriture des Nations unies, l’armée a annoncé qu’elle s’apprêtait à « inonder » l’enclave de vivres. Dans le centre, l’armée visait un responsable du Hamas, qu’elle accuse d’avoir « détourné des équipements » vers le mouvement islamiste. Elle a frappé la cour de l’un des rares bâtiments encore opérationnels dans la ville de Rafah de l’UNRWA, la principale agence des Nations unies pour l’aide. Un employé de l’agence a été tué et 22 ont été blessés.

Ces victimes s’ajoutent aux 165 morts dénombrés par l’UNRWA depuis le début de la guerre parmi ses personnels. Israël considère cette agence, qui vient en aide aux réfugiés de Gaza, comme une excroissance du Hamas. Depuis janvier, Israël a entrepris de détruire cette institution qui gérait avant-guerre la plupart des écoles de Gaza, et qui met son réseau et sa logistique au service des autres agences de l’ONU dans cette crise.

La pression financière, administrative et militaire directe d’Israël sur les convois de l’UNRWA, comme sur ceux d’autres agences, a contribué à semer le chaos et à créer une pénurie de nourriture dans l’enclave, où se développent « des poches de famine imminente », selon l’ONU. Sous pression américaine, l’Etat hébreu a cependant annoncé, le 13 mars, deux mesures qui infléchissent sa politique. L’armée promet de sécuriser les abords d’un ponton, que les Américains comptent achever de construire sur la côte d’ici – au mieux – soixante jours, afin d’acheminer de l’aide par la mer. Israël ouvre également un point de passage terrestre vers la métropole de Gaza et la moitié nord de l’enclave, prétendant desserrer le siège auquel sont soumis 300 000 habitants dénués de tout. Ce passage se situe à l’entrée d’un « corridor » militaire, qui coupe l’enclave par le milieu et empêche tout mouvement de population entre Nord et Sud.

Le 12 mars, un premier convoi « pilote » du Programme alimentaire mondial (PAM) a été autorisé à acheminer une cargaison. De l’essence a aussi été livrée à l’hôpital Al-Shifa. En février, l’ONU avait renoncé à mener de telles livraisons depuis le sud de l’enclave, après que deux convois affrétés par le PAM et l’UNRWA avaient été pillés par des affamés et frappés par la marine israélienne.

Le Fatah écarté

Ces deux mesures ont été annoncées par l’armée et non par le gouvernement israélien, qui demeure profondément divisé sur l’aide, et craint la pression de l’opinion. Depuis trois mois, la hiérarchie militaire lui demande de conclure un accord politique pour permettre la reprise en main de l’enclave et la distribution de l’aide par une entité palestinienne, ce que le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se refuse à évoquer.

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