Marie-Pierre Dauban, 43 ans, mère de deux enfants, profession grutière. Son quotidien : grimper dans une cabine située à plusieurs dizaines de mètres de haut, conduire un engin de levage à l’aide d’un joystick, déplacer des charges lourdes, répartir les matériaux sur un chantier, couler des murs en béton entre des coffrages… Un métier d’homme dans un milieu d’hommes, diront certains. Pas Marie-Pierre Dauban, une ancienne pâtissière reconvertie, sortie diplômée, il y a un an, de la section toulousaine de l’Agence nationale pour la formation professionnelle (AFPA).
A Paris, la même AFPA l’a récompensée, vendredi 8 mars (Journée internationale des droits des femmes), à l’occasion de la quatrième édition de ses trophées « Métiers pour elles », un concours interne consistant à mettre en avant des femmes ayant trouvé leur voie dans des secteurs prétendument masculins. L’événement a pour vocation de contrecarrer une réalité statistique : sur 87 familles professionnelles recensées, 50 % des femmes s’inscrivent dans seulement douze d’entre elles, d’après une étude de l’Insee de 2020.
Grutier fait partie des métiers encore très genrés. C’est en réalisant un bilan de compétences que Marie-Pierre Dauban est tombée sur ce job interdit non pas aux femmes, mais aux personnes souffrant de vertige. Son objectif était de trouver une formation débouchant sur un emploi qui lui laisserait du temps pour s’occuper de ses enfants. « Je voulais aussi ne plus travailler le samedi et le dimanche, ce qui est beaucoup le cas dans la restauration, et ne pas avoir la tête au travail en rentrant à la maison », explique-t-elle.
Dans une autre vie, Marie-Pierre Dauban a d’abord été pâtissière à Paris (restaurants étoilés, salons de thé, traiteurs…), avant de créer une agence proposant des brigades de serveurs et de cuisiniers dans le domaine de l’événementiel, puis d’ouvrir une boutique de vente de bagels à Toulouse. Son commerce revendu après la crise sanitaire, la touche-à-tout s’est mise en quête d’un nouveau métier. Sans a priori ni préjugés.
« La mixité fait baisser le taux d’hormones »
Ses débuts à l’AFPA furent épiques. « La première fois que je suis montée en haut d’une grue, je me suis vraiment demandé dans quoi je m’embarquais. La charge balançait de partout, la cabine bougeait de tous côtés… Mon manque de confiance faisait de moi la plus nulle d’un groupe où ne figuraient que des hommes, des militaires et des chauffeurs de poids lourds ayant l’habitude de conduire des engins », raconte-t-elle. Sa formatrice, Séverine Guin Hannier – l’une des premières femmes grutières de France –, la confortera dans son choix.
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