En décembre 2023, les Géorgiens exultaient : après des années d’espoir et un premier refus, leur pays venait enfin d’obtenir le statut de candidat officiel à l’Union européenne, première étape vers une possible intégration. Sept mois plus tard, c’est la douche froide. « Malheureusement, le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE est pour l’instant interrompu », a déclaré mardi 9 juillet l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Géorgie, Pawel Herczynski.
La décision a été prise lors du dernier conseil européen à Bruxelles, les 27 et 28 juin. Elle sanctionne l’adoption de la loi controversée sur « l’influence étrangère », promulguée en juin. Le texte, copié sur une loi russe de 2012, vise à réduire au silence les médias indépendants et la société civile. Il marque aussi un basculement géopolitique inédit depuis l’indépendance de cette ancienne république soviétique, qui se détourne de l’Europe et se rapproche clairement de la Russie, pourtant son ennemi historique. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pendant des semaines pour empêcher l’adoption du texte, en vain. Les avertissements de Bruxelles et Washington sont eux aussi restés lettre morte. Dans leurs conclusions, les Vingt-Sept ont dénoncé un « retour en arrière » qui « entraîne de facto un arrêt du processus d’adhésion ».
Les dirigeants de l’UE ont appelé les autorités géorgiennes à « clarifier leurs intentions en inversant la ligne de conduite actuelle, qui met en péril la voie de la Géorgie vers l’UE ». Face à la répression croissante de toute forme d’opposition, ils ont aussi appelé Tbilissi à « mettre un terme à la multiplication des actes d’intimidation, des menaces et des agressions physiques contre les représentants de la société civile, les dirigeants politiques, les militants de la société civile et les journalistes ».
Rapprochement spectaculaire avec Moscou
Outre la suspension « de facto » du processus d’adhésion, l’UE a gelé un soutien financier de 30 millions d’euros, prévu dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix et destiné au ministère géorgien de la défense en 2024, a annoncé Pawel Herczynski. « Ce n’est que la première étape, il y en aura d’autres. Notre soutien direct au gouvernement géorgien sera limité, et nous chercherons à réorienter [ce] soutien vers la société civile et les médias, a expliqué l’ambassadeur. Il est triste de voir les relations entre l’UE et la Géorgie à un point aussi bas, alors qu’elles auraient pu atteindre un niveau sans précédent. »
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