Face aux syndicats de magistrats, Didier Migaud cultive ses différences

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Le ministre de la justice, Didier Migaud, à l’hôtel de Matignon, le 23 septembre 2024.

Ce n’était plus arrivé depuis cinq ans : un garde des sceaux sera présent, vendredi 11 octobre, au congrès de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), qui doit se tenir à Toulouse. Didier Migaud, le nouveau ministre de la justice, y prononcera un discours, au lendemain de la présentation d’un budget qu’il n’estimait « pas satisfaisant » quelques jours plus tôt.

Son prédécesseur Place Vendôme, Eric Dupond-Moretti, nommé en 2020, n’avait, lui, jamais fait le déplacement. Et pour cause : sa nomination avait été accueillie par Céline Parisot, la présidente de l’USM de l’époque, comme « une déclaration de guerre ». L’organisation syndicale, qui se présente comme « apolitique », avait par la suite été en pointe dans la procédure judiciaire contre l’ancien avocat qui aboutira, fin 2023, à un procès devant la Cour de justice de la République (CJR) pour « prise illégale d’intérêts ». Il sera finalement relaxé.

Cette décision de la CJR avait contribué à un apaisement général. La preuve ? M. Dupond-Moretti était invité cette année au congrès et aurait dû s’y rendre, si la dissolution n’était pas intervenue. « Dans tous les cas, on aurait eu un garde des sceaux au congrès, assure Ludovic Friat, le patron du syndicat, qui doit être reconduit à son poste. La venue de Didier Migaud est symbolique et importante. Cela marque la considération qu’il porte à la magistrature et cela lui permet de s’adresser directement à elle. »

Page blanche

Didier Migaud cultive ses différences avec son prédécesseur. Le ministre de la justice avance prudemment dans son nouveau costume, quand Eric Dupond-Moretti entendait faire « turbuler » ce milieu feutré, connu pour sa tempérance, voire un certain conservatisme. M. Migaud n’a pas de passif avec les magistrats ; son mandat s’ouvre sur une page blanche. Autant éviter les ratures. Il a donc convié les trois principaux syndicats à une rencontre en début de semaine. Façon pour l’ancien député socialiste de montrer sa volonté de dialogue.

« La rencontre a été assez cordiale, avec des échanges libres. Il a été à l’écoute sur plusieurs points, il a pris son temps, tout comme les membres de son cabinet. Il y a une réelle envie de coconstruire avec nous », raconte M. Friat. Qui ajoute : « Reste à savoir si on demeure seulement dans la considération ou si cela va plus loin. » Comprendre : dans la reprise d’une ou plusieurs doléances syndicales, notamment sur les recrutements.

Le rendez-vous avec le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) s’est également « très bien passé », selon sa présidente, Kim Reuflet. « Il a une personnalité très différente de celle d’Eric Dupond-Moretti et cela compte dans l’aspect relationnel : il est modeste, dans le dialogue, très à l’écoute. Il est respectueux et conscient du rôle et de la place des syndicats », se félicite la magistrate. Mme Reuflet ajoute malgré tout : « Mais on ne voit pas ce qu’il va pouvoir faire concrètement, ni ce qu’il veut porter comme projet pour contrebalancer la politique du ministre de l’intérieur. On ne sait pas quelles sont ses idées. »

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