En Slovaquie, après la tentative d’assassinat contre le premier ministre, Robert Fico, la majorité attise les divisions

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Le premier ministre slovaque, Robert Fico, lors de son arrivée aux urgences de l’hôpital de Banska Bystrica (Slovaquie), le 15 mai 2024.

« Robo [diminutif pour Robert], viens ici. » L’interpellation est suivie d’une salve de cinq coups de feu, seulement interrompue par les gros bras du service d’ordre du gouvernement qui bondissent aussitôt. Trop tard. Le premier ministre slovaque, Robert Fico, s’effondre, avant d’être embarqué dans l’affolement, plié en deux, dans sa limousine noire. Tout s’est passé tellement vite que beaucoup des Slovaques réunis ce mercredi 15 mai devant la maison de la culture de Handlova, une petite localité située dans le centre du pays, ne semblent d’abord s’être rendus de compte de rien.

C’est seulement une fois que le tireur est plaqué au sol et menotté qu’ils comprennent. La colère monte. « Connard », « Tuez-le immédiatement », lancent aux policiers les quelques retraités qui étaient venus soutenir le chef du gouvernement à l’occasion du conseil des ministres qu’il avait choisi de délocaliser à Handlova, où devait aussi avoir lieu un meeting de son parti pour les élections européennes de juin.

Emmené immédiatement par hélicoptère vers la ville voisine de Banska Bystrica, le dirigeant de 59 ans a été touché par « plusieurs balles », selon le gouvernement, dont une dans l’abdomen. Il est sorti tard, mercredi soir, du bloc opératoire après plusieurs heures d’opération et son état se serait stabilisé. « Nous pensons qu’il sera suffisamment fort pour gérer ce traumatisme », avait espéré le ministre slovaque de la défense, Robert Kalinak, visiblement très ému, en s’exprimant depuis l’hôpital en début de soirée.

Immédiatement qualifié « d’attaque contre la démocratie » par la présidente slovaque, Zuzana Caputova – le président élu, Peter Pellegrini, sera investi le 15 juin – cet attentat est un épisode de violence sans précédent dans l’histoire de ce petit pays d’Europe centrale qui compte 5,5 millions d’habitants.

Selon les médias slovaques, la personne appréhendée est un homme de 71 ans venant d’une petite ville située à une heure de route de Handlova. Ancien vigile de supermarché, il avait fondé un petit club de littérature et écrivait de la poésie à ses heures perdues, sans avoir jamais réussi à percer. Il avait posté une vidéo il y a sept ans sur YouTube où il disait vouloir lancer un parti politique « contre la violence » tout en ayant aussi publié des textes profondément hostiles aux migrants ou aux Roms. Il avait également fréquenté en 2016 un groupe de miliciens paramilitaires prorusses, mais participé aussi ces derniers mois à des manifestations pro-européennes.

Une atmosphère politique électrique

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