En Russie et au Kazakhstan, situation « très tendue » en raison d’inondations importantes

4714


Evacuation dans la ville d’Orenbourg, en Russie, le 10 avril 2024.

Le pic de crue n’a pas encore été atteint, mais la situation était déjà « très, très tendue », selon le Kremlin, mercredi 10 avril, dans plusieurs districts de l’Oural et de la Sibérie occidentale touchés par les plus graves inondations depuis des décennies, tout comme le Kazakhstan. Plus de 100 000 habitants ont été évacués ces derniers jours, principalement au Kazakhstan, et en Russie, ont annoncé les autorités respectives.

Ces crues sont causées par de fortes pluies associées à une hausse des températures, à la fonte accrue des neiges et à la débâcle des glaces hivernales recouvrant rivières et fleuves. Aucun lien n’a été établi avec le changement climatique, mais, selon les scientifiques, le réchauffement de la planète favorise des événements météorologiques extrêmes comme les fortes précipitations à l’origine d’inondations.

« La situation est très, très tendue », a reconnu le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé par la presse. « Les prévisions sont défavorables. L’eau continue de monter », a-t-il déclaré, en précisant que « de grandes quantités d’eau arrivent » dans les districts de Kourgan et Tioumen. Malgré cette situation exceptionnelle, le président russe, Vladimir Poutine, ne prévoit pas de se rendre dans les zones sinistrées, a dit M. Peskov, en réponse à une question récurrente depuis le week-end. Après l’attentat contre le Crocus City Hall près de Moscou, qui a coûté la vie à plus de 140 personnes, le maître du Kremlin n’était pas non plus allé sur les lieux.

Près de 13 000 habitations inondées dans la région d’Orenbourg

A Orenbourg, dans l’Oural, le niveau de l’eau a atteint mercredi 10 mètres, selon les autorités régionales, bien au-dessus du « seuil critique », fixé à 9,3 mètres. Le record de 9,46 mètres remontait à 1942. Selon les prévisions des experts météorologiques de la ville, l’eau, qui a augmenté de 81 centimètres ces dernières vingt-quatre heures, doit poursuivre sa crue et encore monter dans la journée. Les autorités ont réitéré leurs appels à la population se trouvant dans la zone inondable « à quitter leur domicile de toute urgence ».

Au total dans la région d’Orenbourg, près de 13 000 maisons ont été inondées, et plus de 7 700 personnes évacuées, selon les autorités régionales. Seule bonne nouvelle à ce stade, à Orsk, deuxième ville de l’oblast, où une digue s’est rompue en fin de semaine dernière sous la pression des eaux, le niveau de l’Oural a baissé de 29 centimètres, s’est félicitée la mairie.

Des images diffusées par le ministère des situations d’urgence montraient toutefois encore des rues recouvertes d’une eau marron. Lundi, des habitants s’étaient rassemblés pour demander des comptes aux autorités, malgré les menaces du parquet régional contre toute manifestation illégale et alors que les rassemblements sont strictement encadrés en Russie.

La région de Kourgan, plus à l’est, a évacué « à titre préventif » 1 600 personnes, dont 280 enfants, ont affirmé les secours, et celle de Tioumen, en Sibérie occidentale, dit attendre prochainement des niveaux records.

De nouvelles inondations attendues au Kazakhstan

Des barrières anti-inondation en construction près de la ville de Petropavlovsk, dans le nord du Kazakhstan, le 10 avril 2024.

Si la Russie est fortement touchée, l’immense majorité des évacuations a eu lieu au cours des deux dernières semaines au Kazakhstan, dans l’ouest et le nord du pays, frontaliers du territoire russe. « Depuis le début des inondations, 96 472 personnes ont été secourues et évacuées, dont 31 640 enfants », a annoncé le ministère des situations d’urgence kazakh dans un nouveau bilan. C’est la ville kazakhe de Petropavlovsk, voisine des régions russes de Kourgan et Tioumen, qui est la plus menacée. Quelque 200 000 habitants y vivent.

Newsletter

« Chaleur humaine »

Comment faire face au défi climatique ? Chaque semaine, nos meilleurs articles sur le sujet

S’inscrire

Au total, plus de 24 000 membres des ministères des situations d’urgence, de l’intérieur, de la défense et des services secrets participent aux opérations de sauvetage, ainsi que des milliers de volontaires civils. Les autorités météorologiques ont par ailleurs averti que la fonte des neiges dans les montagnes pourrait entraîner de nouvelles inondations dans l’est et le sud du pays.

Ces derniers jours, le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a déploré publiquement le manque de préparation des autorités locales, en qualifiant ces inondations de « catastrophe naturelle peut-être la plus grande, en ampleur et en conséquences, de ces quatre-vingts dernières années ». L’agence nationale anticorruption a, annoncé mercredi mener des vérifications concernant les fonds spéciaux alloués à la lutte contre les inondations, le détournement d’argent restant endémique en Asie centrale.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link