Il s’agissait d’un premier test, six mois après la victoire surprise aux élections législatives du 15 octobre 2023 des partis démocrates, la Coalition civique du premier ministre Donald Tusk (libéraux), la Troisième voie (parti paysan allié aux démocrates chrétiens) et la Gauche unie. Le détrônement des populistes de Droit et justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, avait suscité un grand espoir en Pologne comme en Europe, car il constituait la première victoire nette d’un camp démocrate face à un parti populiste autoritaire, dans des conditions de rivalité électorale alors très défavorables à l’opposition.
Près de cent jours après la formation du gouvernement de Donald Tusk, les élections locales, où les Polonais ont été amenés à élire les maires des 2 500 communes du pays, mais aussi les conseillers des régions (voïvodies) et des districts, ont confirmé cet élan démocratique. Elles ont globalement constitué une répétition des législatives : si, au niveau des conseils régionaux, le PiS arrive en tête avec 33,7 % des voix, le score cumulé des trois partis démocrates, la Coalition civique (31,9 %), la Troisième voie (13,5 %), et de la Gauche (6,8 %), leur assure une confortable avance.
La Coalition civique devrait gouverner dans des dix des seize voïvodies, le PiS perdant deux d’entre elles. Dans un contexte de faible participation électorale (51,5 %), la plus forte mobilisation des régions de l’Est et du Sud, historiquement plus conservatrices, explique la première place du PiS dans le score national. L’extrême droite de Konfederacja a récolté pour sa part 7,5 % des suffrages.
Le parti nationaliste ne s’effondre pas
Du côté des grandes villes, historiquement acquises aux libéraux, la seule surprise a été l’ampleur de certaines victoires. Le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, pressenti pour être candidat de la Coalition civique à la présidentielle du printemps 2025, s’est vu réélire dès le premier tour avec 59,8 % des voix (18,5 % pour son contre-candidat du PiS). La maire de Gdansk, sur les bords de la Baltique, Aleksandra Dulkiewicz, a été réélue avec 62,3 % des voix (contre 12,2 % pour le PiS). Le PiS ne gouvernera aucune ville de plus de 100 000 habitants et à peine une poignée de villes de plus de 60 000 habitants.
« Aujourd’hui, je peux vous annoncer solennellement que le mois d’octobre s’est répété en avril ! », s’est enthousiasmé le premier ministre Donald Tusk, dont le retour en politique nationale après une carrière dans les instances européennes a constitué un facteur déterminant de la victoire des libéraux à l’automne. « Toute l’Europe a regardé la manière dont nous avons vaincu le populisme en dépit d’une compétition inégale, a ajouté pour sa part le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski. Toute l’Europe regarde à présent comment nous faisons le ménage après eux. C’est pourquoi cette victoire est si importante. »
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