Longtemps invisible, souvent tue, la question de l’infertilité a été largement abordée par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier. En annonçant la création d’un grand plan de lutte contre l’infertilité, le président de la République a mis cette problématique au cœur du débat public.
En France, un couple sur quatre rencontre des difficultés pour avoir un enfant. Dans la plupart des cas, personne n’est au courant de leur parcours. Ni leur famille ni leurs amis, et encore moins leur employeur. Ils gardent cela secret. Résultat : beaucoup de stress et de pression − car il faut esquiver les questions de l’entourage et organiser la vie quotidienne en fonction des démarches de procréation médicalement assistée. Briser le tabou de l’infertilité, c’est le combat de Virginie Rio, du collectif BAMP, une association de patients de l’assistance médicale à la procréation et de personnes infertiles. Elle a donné un entretien au Monde dans le cadre du podcast (In)fertile.
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Depuis plus de dix ans, vous vous battez pour que l’infertilité sorte de l’ombre. Les annonces d’Emmanuel Macron ont permis de mettre ce sujet sur le devant de la scène. Mais, dans l’intimité, il reste souvent secret. Pourquoi ?
Pour les couples concernés, il y a la volonté de garder ça dans la sphère privée. On est dans une société de la performance. Il faut réussir, il faut rester jeune. En parlant d’infertilité, vous montrez de l’échec. Vous montrez que quelque chose qui se fait aussi simplement depuis des millénaires peut être compliqué. Parler de sexualité est délicat.
Lorsque le projet d’enfant arrive, on ne s’interroge pas spontanément sur sa fertilité. Y a-t-il un manque d’informations sur ce sujet ?
La fertilité devrait être un enjeu de responsabilité publique. Comme on fait de la prévention sur le cancer ou sur les dents de nos enfants, il faudrait qu’il y ait une meilleure diffusion de l’information. Mieux on est informé, mieux on pourra faire des choix.
On rencontre souvent des couples qui découvrent, sidérés, qu’ils sont dans une situation d’infertilité. Ils n’y avaient jamais pensé et ne s’y attendaient donc pas. Ils étaient loin d’imaginer que la fertilité diminuait avec l’âge, qu’elle pouvait être affectée par des maladies sexuellement transmissibles ou par tout un tas de pathologies. Ils apprennent que le mode de vie, l’hygiène de vie, les perturbateurs endocriniens peuvent jouer un rôle. Et puis, deuxième coup de massue, on leur explique que l’assistance médicale à la procréation (AMP) n’est pas très efficace et que les parcours sont longs, difficiles à vivre et affectent la vie quotidienne.
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