Des pêcheries vieilles de 4 000 ans découvertes dans les basses terres de Belize

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Préparation des farines de poissons faites par des populations riveraines en Amazonie brésilienne dans la région de Santarém, époque contemporaine.

Une thèse centrale pour expliquer l’avènement de civilisations précolombiennes sédentaires, comme les Mayas, est celle de l’intensification agricole. Centrée sur le maïs, elle se serait amorcée il y a environ quatre mille ans, quelques millénaires après la domestication de cette céréale. Mais cette conception ne raconte, sans doute, qu’une partie de l’histoire. En témoignent des travaux, publiés le 22 novembre dans la revue américaine Science Advances, suggérant que de vastes systèmes de pêcheries pourraient avoir contribué à assurer la subsistance de populations denses.

Eleanor Harrison-Buck, de l’université du New Hampshire à Durham et ses collègues se sont intéressés à des canaux d’une zone humide protégée à Belize, le « sanctuaire de vie sauvage de l’arbre tordu ». Cette région de la péninsule du Yucatan est occupée par l’homme depuis près de dix mille ans. Elle est inondée à la saison humide, et constitue toujours une importante zone de pêche. Les structures linéaires qui la parcourent avaient été attribuées aux Mayas, comme un élément d’irrigation destiné à l’agriculture.

L’étude du 22 novembre bouleverse cette vision des choses. Profitant d’une sécheresse extrême en 2019 qui a facilité l’accès à pied à ces milieux vaseux, Eleanor Harrison-Buck et ses collègues ont échantillonné plusieurs canaux pour procéder à des analyses et des datations. Elles révèlent que ces tranchées précèdent largement l’époque maya : elles auraient été creusées, il y a près de quatre mille ans, à une époque d’assèchement du climat qui aurait affecté l’ensemble de l’hémisphère Nord. Elles sont le plus ancien exemple de pêcherie complexe sur le continent américain.

150 tonnes de poissons par an

Pour les chercheurs, les structures en zigzag auraient permis de faire converger les poissons vers des mares qui auraient servi de réservoir pendant la saison sèche. « Il se pourrait que la population de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs ait intensifié leur pratique de piégeage du poisson en réponse à cet événement d’assèchement de la région qui a duré entre deux cents et trois cents ans », lit-on dans l’étude.

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En s’appuyant sur l’imagerie par drones et sur Google Earth, les chercheurs ont identifié 906 canaux dans la réserve, totalisant un linéaire de 643 kilomètres. Considérant le rendement de structures similaires, utilisées aujourd’hui encore dans des zones inondables en Zambie, ils estiment que les populations qui ont précédé les Mayas auraient pu en tirer 150 tonnes de poissons par an. De quoi nourrir environ 15 000 personnes, non pas pendant la période la plus archaïque, mais plutôt durant celle qui a vu l’essor de la civilisation maya, qui aurait continué à utiliser ces pêcheries.

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