Garder une bonne mine avec un mauvais jeu. C’est la ligne suivie par Maia Sandu, présidente proeuropéenne et candidate à sa réélection en Moldavie, après l’annonce des premiers résultats du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 20 octobre, tard dans la soirée. Les résultats sont décevants pour le camp proeuropéen, alors qu’une victoire paraît à portée de main pour les partisans d’un rapprochement avec Moscou, qui régnait sur la Moldavie à l’époque soviétique.
Maia Sandu avait cru pouvoir rassembler un large consensus et une forte participation en organisant le même jour un référendum sur l’adhésion à l’Union européenne (UE) de son pays de 2,6 millions d’habitants. Lundi matin, après après dépouillement de plus de 99 % des bulletins, le oui était légèrement devant avec 50,39 % des suffrages à la question : « Etes-vous favorable à une modification de la Constitution en vue de l’adhésion de la République de Moldavie à l’Union européenne ? ». Le Kremlin a aussitôt dénoncé des « anomalies » dans le comptage des voix.
« La Moldavie a été confrontée à une attaque sans précédent contre la liberté et la démocratie de notre pays, aujourd’hui et ces derniers mois », a déclaré Mme Sandu lors d’une conférence de presse. Celle-ci a été retardée de plusieurs heures, parce que les résultats partiels, au départ calamiteux pour les partisans du oui, allaient en s’améliorant à mesure que ceux de la capitale et de la diaspora (plutôt favorable à Maia Sandu) s’ajoutaient au vote rural, qui lui est majoritairement hostile.
La présidente sortante, âgée de 52 ans, arrive en revanche nettement en tête du premier tour de la présidentielle, avec 42,31 % des voix. Le 3 novembre, elle affrontera au second tour Alexandru Stoianoglo, un ancien procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, qui obtient un score près de trois fois supérieur à celui annoncé par les sondages, avec 26,09 % des suffrages.
« Semer la peur et la panique »
« Maia Sandu visait un score de 45 %, ses partisans espéraient même une réélection dès le premier tour. Son problème est qu’elle n’a pas de réserve de voix pour le second tour, à la différence de son rival Stoianoglo. Le camp prorusse va s’allier contre elle, avec les votes “dégagistes” », souligne Ion Tabarta, analyste politique et directeur exécutif du Centre d’information et de documentation de l’OTAN à Chisinau.
La candidate sortante a cherché à expliquer ces résultats décevants par l’action de « groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux », une allusion transparente à la Russie, que Chisinau accuse de financer illégalement l’opposition. Selon Maia Sandu, ces groupes criminels ont « attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande. Nous avons des preuves évidentes que ces groupes criminels avaient pour objectif d’acheter 300 000 votes. Leur objectif était de saper le processus démocratique. Leur intention était de semer la peur et la panique dans la société ».
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