En Lituanie, une proposition de loi pour criminaliser l’ancien Parti communiste

4733


Le député conservateur Audronius Azubalis, le 10 septembre 2023.

Peu importent les critiques des historiens, Audronius Azubalis est déterminé à aller jusqu’au bout. Depuis 2015, le député du parti de l’Union de la patrie – Chrétiens-démocrates lituaniens s’est donné une mission : âgé de 66 ans, cet ancien ministre des affaires étrangères veut faire reconnaître comme organisation criminelle le Parti communiste lituanien (LKP), créé en 1918 et dissous à l’indépendance de l’Etat balte, en 1990.

Le 26 mars, Audronius Azubalis a remporté une victoire symbolique, en faisant adopter, en première lecture, par une majorité du Seimas (le Parlement), une proposition de loi qui ne se contente pas de criminaliser le LKP, mais veut imposer à tous ceux qui en ont été membres de rendre leur affiliation officielle, en cas de candidature à un poste à haute responsabilité ou à un mandat électif.

« Le but n’est pas de jeter les gens en prison ou de les proscrire, assure le député conservateur. Mais de faire en sorte que ceux qui sont concernés reconnaissent les faits. A eux ensuite de gérer leur conscience. » Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter, la loi ne vise pas les « membres ordinaires » du Parti communiste, mais uniquement ses « leaders ». Tant pis si la plupart sont décédés ou trop âgés pour postuler à une fonction qui les obligerait à se confesser : « Je veux que mes petits-enfants sachent qui était responsable, qui a trahi la première république de Lituanie et qui a collaboré avec l’occupant », martèle Audronius Azubalis.

« Erreur de jeunesse »

En 2015, il avait déjà présenté une proposition de résolution, adoptée deux ans plus tard par le Seimas, qui établissait la responsabilité du LKP dans « le génocide (…), les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre » commis contre les Lituaniens pendant l’occupation soviétique, entre 1940 et 1941, puis de 1944 à 1990. Le 18 mai 2023, les députés ont voté une seconde résolution, reconnaissant cette fois le rôle du parti dans les déportations de masse : près de 300 000 Lituaniens ont été envoyés en Sibérie ou emprisonnés dans des goulags, après la seconde guerre mondiale.

L’an dernier, la question de l’appartenance passée au LKP a fait débat, après qu’un journaliste a révélé que le président, Gitanas Nauseda, en poste depuis 2019, avait adhéré au parti en 1988, alors même que le mouvement de lutte pour l’indépendance prenait de l’ampleur – une information qu’il avait jusque-là tenue secret. Evoquant « une erreur de jeunesse » commise dans l’espoir « d’avoir une meilleure chance de poursuivre une carrière de scientifique », M. Nauseda a assuré qu’il n’avait jamais participé aux activités du parti.

Il vous reste 44.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link