En Italie, la RAI est au cœur de polémiques liées au conflit à Gaza

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La première ministre italienne, Giorgia Meloni, lors d’une conférence de presse, à Rome, le 4 janvier 2024.
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Les échos de la guerre de Gaza continuent de se faire entendre en Italie, où majorité et opposition ont trouvé un terrain commun sur l’appel à un cessez-le-feu, mais où une polémique liée au conflit se développe autour d’un audiovisuel public déjà sous tension. Mercredi 14 février se poursuivaient ainsi des débats autour d’accusations de censure en rapport avec des faits survenus samedi 10 février sur la scène du festival de chansons de Sanremo, l’événement culturel le plus important de l’année en Italie, organisé et diffusé par la RAI, l’audiovisuel public.

Lors de la soirée finale, le rappeur italo-tunisien Ghali avait conclu sa prestation en lançant face au public le slogan « Stop au génocide », faisant référence aux massacres en cours dans la bande de Gaza. Le lendemain sur le réseau social X, l’ambassadeur israélien en Italie, Alon Bar, avait réagi avec virulence à l’appel du chanteur, qualifiant de « honteux » le fait que la scène de Sanremo ait été « exploitée pour répandre haine et provocations de manière superficielle et irresponsable », rappelant le sort des victimes des massacres du 7 octobre 2023 et regrettant qu’ils n’aient pas fait l’objet de manifestation de solidarité au cours du festival.

La réaction de la RAI n’a fait que relancer la polémique et les accusations de soumission au pouvoir politique des dirigeants de l’audiovisuel public depuis l’arrivée de Giorgia Meloni à la présidence du conseil italien. En effet, au cours d’une émission de divertissement de la RAI 1 diffusée dimanche, la présentatrice Mara Venier a lu, en réponse à l’évènement de la veille, un inhabituel communiqué de l’administrateur délégué de l’audiovisuel public, Roberto Sergio, exprimant sa solidarité avec le peuple israélien sans mentionner les victimes palestiniennes du conflit, provoquant applaudissements et sifflets dans le public.

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Le rappeur Ghali, de nouveau présent à l’antenne, avait pu s’exprimer sur le même plateau. Les débats sur l’indépendance des chaînes publiques ont cependant été nourris lors de la même émission par la décision de la présentatrice de mettre diplomatiquement mais fermement fin, à une prise de parole du chanteur Dargen D’Amico en faveur d’une politique migratoire plus accueillante, évoquant l’apport économique des immigrés résidants en Italie.

« Une forme d’autocensure qui s’installe »

« Le communiqué lu en direct, l’incident sur les migrants donne l’image d’une entreprise qui a peur, peur des pressions politiques, peur de dévier de la ligne… il y a une forme d’autocensure qui s’installe », regrette un cadre de la RAI sous couvert d’anonymat. L’influence et la présence des forces politiques au sein de l’encadrement de la RAI n’ont cependant rien de nouveau. Depuis les années 1970, les partis déterminent les équilibres politiques au sommet de l’audiovisuel public. Six des sept sièges au conseil d’administration de la RAI sont actuellement désignés par les deux chambres du Parlement et par le gouvernement.

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