En Inde, Narendra Modi poursuit sa politique autoritaire malgré les critiques acerbes de sa famille politique

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Le premier ministre indien, Narendra Modi, au palais présidentiel, à New Delhi, le 22 juin 2024.

Le temps de l’après-Modi pointe-t-il depuis la victoire étriquée du premier ministre indien aux élections législatives du 4 juin ? L’homme fort de l’Inde, 73 ans, habitué depuis dix ans à un exercice solitaire et autoritaire du pouvoir, a été reconduit dans ses fonctions au terme d’une campagne haineuse et islamophobe, mais il est affaibli. Le mythe de son invincibilité est tombé.

Sa longévité à la tête du pays repose désormais sur deux partenaires régionaux, Nitish Kumar et Chandrababu Naidu, avec lesquels il a été contraint de s’allier pour obtenir une majorité au Parlement. Les deux élus des Etats du Bihar et de l’Andhra Pradesh sont connus pour changer de camp et retourner leur veste en fonction de leurs seuls intérêts. Ils tiennent entre leurs mains le sort du « gouvernement Modi 3.0 », comme l’ont surnommé les médias indiens.

Le danger, pour le premier ministre, pourrait aussi venir de sa propre famille politique, le RSS, l’Association des volontaires nationaux, dans laquelle il est entré à 8 ans. Tête de pont de la grande nébuleuse nationaliste hindoue – dont le parti de Narendra Modi, le Bharatiya Janata Party (BJP), est la vitrine politique depuis 1980 –, cette organisation d’extrême droite créée en 1925 menace aujourd’hui de se lézarder.

Un sérieux avertissement

Au lendemain des élections législatives, une voix d’habitude discrète s’est fait entendre, sonnant comme un sérieux avertissement : Mohan Bhagwat, le très influent chef du RSS, a en quelques mots fustigé la stratégie du candidat Modi.

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S’adressant à des travailleurs (« sevak ») à Nagpur (centre du pays), le QG du RSS, Mohan Bhagwat a vilipendé une campagne marquée par « l’arrogance » ainsi que par le « manque de bienséance et de dignité ». Il n’a pas prononcé de nom, mais chacun a reconnu sa cible : le premier ministre. Seul un dirigeant sans ego a le droit d’être appelé « sevak », a-t-il déclaré. Le chef du RSS, silencieux durant la campagne, redoute sans doute que l’absence de majorité pour le BJP mette un frein au projet des nationalistes hindous de transformer l’Inde en un Etat hindou.

Plusieurs dirigeants de l’organisation d’extrême droite ont embrayé sur le thème de l’arrogance de la campagne du BJP. Dans Organiser, une publication du RSS, Ratan Sharda, l’un des cadres du mouvement, estime que « les résultats des élections générales de 2024 ont rappelé à la réalité les karyakartas [“travailleurs”] du BJP et de nombreux dirigeants trop confiants (…) Comme ils étaient heureux dans leur bulle, profitant de l’aura de Modi, ils n’écoutaient pas les voix de la rue ». Le signataire déplore que les karyakartas aient été éconduits, remplacés par des « experts aguerris aux nouvelles technologies, rompus aux réseaux sociaux ».

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