En Grèce, face à la sécheresse et aux records de températures, la crainte de revivre un été critique

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Sur l’île cycladique d’Amorgos (Grèce), le 4 mai 2024.

Le pari d’Angelos Vavlekis est osé. Le trentenaire s’est lancé depuis quelques mois dans un projet d’agriculture biologique sur l’île cycladique d’Amorgos et tente de faire renaître une ancienne exploitation prospère qui appartenait jusque dans les années 1960 à des Grecs d’Egypte. Sur ce terrain, où un système d’irrigation perfectionné avait été installé, des amandiers, des pistachiers et des orangers faisaient le bonheur des insulaires. Mais les conditions climatiques ont depuis changé. Les quelques agriculteurs et éleveurs restants, qui ne se sont pas reconvertis dans le tourisme, doivent affronter de grandes difficultés.

« En 2023, à Amorgos, il est tombé moins de 300 millimètres d’eau, les sols sont très secs… Les agriculteurs que je connais à Amorgos mais aussi à Naxos, dans l’île voisine, qui pourtant possède de plus grandes ressources en eau, jettent l’éponge. II est impossible de produire de grandes quantités, mais, en plus, s’il faut acheter de la nourriture pour les chèvres par exemple, cela n’est pas du tout rentable… », avoue Angelos Vavlekis.

L’hiver 2023-2024 a été le plus chaud jamais enregistré par les services météorologiques du pays, selon Kostas Lagouvardos, directeur de recherches à l’Observatoire d’Athènes. « Le mois de mai a été le onzième mois d’affilée où les températures étaient au-dessus des normales de saison, et ce même dans le nord de la Grèce. Dans les Cyclades et le sud de la Crète, la situation est encore plus critique parce qu’il n’a plu que très peu depuis presque trois ans », explique le météorologue.

Ces trente dernières années, les températures ont augmenté en moyenne de 1,5 °C en Grèce. En 2023, l’été a duré jusqu’en octobre et la canicule de dix jours qui a frappé le pays en juillet fut la plus longue jamais enregistrée. L’année a été aussi particulièrement peu pluvieuse malgré les inondations meurtrières qui ont ravagé en septembre la région agricole de Thessalie, dans le centre du pays. Dans les îles, les nappes phréatiques sont vides. En Crète, les précipitations sont en recul de 40 %.

« L’été s’annonce compliqué »

Selon l’Observatoire européen de la sécheresse, qui se fonde sur l’exploitation des images satellites du programme Copernicus, le sud de la Crète est en état d’alerte comme d’autres régions de la Méditerranée, notamment la Sicile, en Italie, et la Catalogne, en Espagne.

« Nous sommes préoccupés aussi par le fait qu’il n’y a pas eu de neige sur les montagnes du continent grec pour faire grossir les ruisseaux et les fleuves au printemps. Et on sait qu’à partir de mai, en Grèce, les précipitations sont quasi inexistantes. L’été s’annonce compliqué partout dans le pays et plus généralement dans la région des Balkans, qui est devenue un hotspot du changement climatique », note Stavros Dafis, chercheur associé à l’Observatoire d’Athènes et rédacteur sur le site Climatebook, qui répertorie tous les phénomènes liés au changement climatique en Grèce.

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