En Europe, derrière la baisse de l’inflation, le recul des bénéfices des entreprises

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Le processus de désinflation se poursuit en Europe. En mars, l’inflation en zone euro a été de 2,4 %, contre 2,6 % le mois précédent, selon les données publiées mercredi 3 avril par Eurostat. Il s’agit du plus faible niveau de hausse des prix depuis juillet 2021 (à égalité avec novembre 2023).

Le phénomène touche presque tous les pays européens. L’inflation était en mars de 2,4 % en France, de 2,3 % en Allemagne, de 1,3 % en Italie, de 3,2 % en Espagne. Le recul des prix de l’énergie, qui joue à plein depuis un an, explique en partie ce ralentissement. Plus nouveau, les prix alimentaires ont cessé de s’envoler : pour les aliments non transformés, ils sont même pour la première fois en léger recul, de 0,4 %. Quant à l’inflation dite « sous-jacente » (hors énergie et alimentaire, qui sont plus volatils), elle passe sous la barre des 3 % pour la première fois depuis plus de deux ans, à 2,9 %.

Le processus de désinflation ne signifie bien entendu pas que les prix baissent (ils ont gagné au total 15 % en zone euro depuis l’été 2021), mais simplement que leur progression est désormais stabilisée. Pour la Banque centrale européenne (BCE), dont l’objectif est de maintenir l’inflation à 2 %, il s’agit d’une bonne nouvelle. « Ces données vont dans le sens d’une inflation qui sera très proche de l’objectif de 2 % au deuxième semestre », estime Andrew Kenningham, du cabinet Capital Economics. Une première baisse des taux d’intérêt lors de la réunion de la BCE de juin semble désormais faire consensus.

Des entreprises en difficulté

Outre l’énergie et l’alimentation, l’une des explications du phénomène de désinflation vient du recul des bénéfices des entreprises. « Il reste des superprofits dans le secteur de l’énergie, mais ailleurs, l’envolée des marges est finie », note Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg, une école de commerce. Il a passé en revue les marges des entreprises françaises, telles qu’elles apparaissent dans les comptes de l’Etat tenus par l’Institut national de la statistique et des études ­économiques. Au quatrième trimestre 2023, celles-ci étaient en recul de 0,24 % par rapport au quatrième trimestre 2022 pour les entreprises manufacturières, de 2,57 % pour l’agriculture, de presque 5 % pour le transport, ou encore de 0,85 % pour les services aux ménages.

Semaine après semaine, les difficultés des entreprises s’égrènent d’ailleurs au gré de l’actualité. Kingfisher, la société qui possède Castorama, vient de publier un recul de sa marge bénéficiaire de 7,1 % en 2022 à 5,8 % en 2023. Elle a annoncé un grand plan de réduction des coûts. Le groupe de luxe Kering a lourdement chuté en Bourse après les mauvais résultats de sa marque Gucci, dont les ventes ont reculé de 20 % au premier trimestre.

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