« Je crains qu’on ne nous ait pas tout dit » sur la situation budgétaire, avance Gérard Larcher, estimant que Bruno Le Maire et Emmanuel Macron ont ignoré les alertes
« Un certain nombre d’interrogations se posent sur la sincérité de ce qui nous a été présenté à l’automne 2023 et ce qui nous a été dit au printemps », par le gouvernement au sujet de la gestion des comptes publics et du creusement du déficit, a déclaré le président du Sénat, Gérard Larcher, sur CNews-Europe 1, jeudi matin. Pour rappel, le déficit est prévu à 6,1 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, et non 5,1 %, comme prévu par l’ancien gouvernement en avril.
« La commission d’enquête de l’Assemblée nationale le dira, et au Sénat nous avons déjà conduit une mission pour connaître les raisons de la différence de 50 milliards entre les prévisions budgétaires présentées par le gouvernement à l’automne 2023 et la réalité à l’automne 2024 », a-t-il poursuivi, se félicitant de la transformation de la commission des finances de l’Assemblée nationale en commission d’enquête sur le dérapage du déficit public.
« Je crains qu’on ne nous ait pas tout dit », a ajouté M. Larcher, avant d’estimer que « le ministre de l’économie et des finances [de l’époque, Bruno Le Maire], mais aussi le président de la République » ont ignoré les alertes sur la dérive du déficit et des dépenses publiques.
M. Larcher, membre des Républicains (LR), a ensuite rappelé son soutien au gouvernement conduit par Michel Barnier, lui aussi issu des rangs du parti de droite, ainsi qu’au projet de budget qu’il a présenté, alors que des voix critiques s’élèvent – y compris à droite – concernant la hausse de certaines taxes et des impôts sur les revenus des foyers les plus aisés. « La priorité, c’est la réduction des dépenses publiques, ce n’est pas l’augmentation de la fiscalité, mais nous voyons bien que l’addition des deux, sur l’année 2025, est nécessaire », au regard de la situation économique de la France, a déclaré M. Larcher.
Le président du Sénat a également apporté son soutien au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, au sujet de l’immigration, alors que l’ancien président des sénateurs LR a déclaré la semaine dernière qu’il « n’écart[ait] aucune solution a priori », au sujet des centres où transférer des migrants illégaux en dehors de l’Union européenne (UE). Gérard Larcher a également estimé qu’il fallait une nouvelle loi immigration en 2025 – alors que les dispositions de la dernière, adoptée l’an passé, ne sont pas encore toutes appliquées –, s’opposant sur ce sujet à l’ancien premier ministre Gabriel Attal.
« Il faut une loi complétée car nous avons déjà voté une loi sur l’immigration, elle a été censurée essentiellement pour des motifs de forme et donc reprendre le texte, c’est une nécessité parce qu’il nous faut une politique de régulation des flux migratoires qui soit complète et qui nous donne les outils pour agir », a déclaré le président du Sénat.