En Colombie, fin de partie pour la corrida

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Lors d’une corrida aux arènes de Cañaveralejo, à Cali (Colombie), le 27 décembre 2023.

La quatorzième proposition de loi aura été la bonne : mardi 28 mai, avec 93 voix pour et seulement deux voix contre, la Chambre des représentants colombienne a voté une loi mettant fin à la corrida. La nouvelle législation doit encore être ratifiée par le président, Gustavo Petro, militant anti-corrida de la première heure, dans les prochaines semaines, mais elle ne prendra effet qu’à partir de 2027. Cette période est censée permettre aux professionnels de la tauromachie de se reconvertir.

Le résultat du vote ne rend pas compte des difficultés rencontrées pour faire adopter de cette loi ni de l’intensité du débat entre les amateurs de corrida, qui défendent un art et une tradition ancienne, et ceux qui jugent la tauromachie comme un spectacle sanguinaire archaïque. En effet, treize autres propositions ont été présentées au Congrès au cours des sept dernières années avant que celle-ci ne soit finalement adoptée.

« Nous savions que ça ne serait pas facile, mais nous n’imaginions pas à quel point le lobby pro-tauromachie était puissant », reconnaît le député Alejandro Garcia, membre de la Chambre des représentants et du parti écologique Alianza Verde, un des rédacteurs de la proposition de loi.

Conscients de leur position minoritaire sur ce sujet, les membres de l’opposition conservatrice ont tenté d’empêcher que le quorum nécessaire pour adopter la proposition de loi soit atteint, en s’absentant au moment du vote. La majorité a cependant réussi à réunir le nombre de participants requis. « Le quorum était de 94 et nous avons réuni 95 voix ! C’est historique ! », se félicite Alejandro Garcia. Le premier président de gauche du pays a immédiatement salué sur le réseau social X le vote marquant l’adoption de la loi transpartisane : « Félicitations à ceux qui ont finalement réussi à faire en sorte que la mort ne soit pas un spectacle. »

Accompagner la reconversion des acteurs

Ce succès politique bienvenu intervient alors que les réformes sociales promises pendant la campagne peinent à se concrétiser. Lorsqu’il était maire de Bogota, en 2012, Gustavo Petro avait déjà interdit l’utilisation des infrastructures et des fonds publics pour la corrida. En 2023, la Cour constitutionnelle était revenue sur le décret en invoquant le fait que la corrida est « une manifestation vivante de la tradition spirituelle et historique des peuples ibéro-américains comme la Colombie ».

Les partisans de la tauromachie espèrent qu’un recours auprès du haut tribunal pourra encore contrer le vote du Congrès. « Désormais, c’est à la Cour constitutionnelle de décider de l’avenir de la tauromachie en Colombie », a déclaré sur X Juana Carolina Londoño, membre du Parti conservateur, qui déplore que de nombreuses familles risquent de se retrouver sans emploi à la suite de la disparition de cette tradition.

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