L’ancien président de Bolivie, Evo Morales (2006-2019), 65 ans, a annoncé avoir été la victime d’une tentative d’assassinat, dimanche 27 octobre. Selon une publication sur son compte Facebook, son cortège aurait été intercepté à 6 h 20 par deux véhicules à l’entrée d’une caserne militaire dans le département de Cochabamba, au sud-est de La Paz. Quatre hommes cagoulés, vêtus de noir, auraient alors tiré 14 coups de feu sur la voiture qui transportait l’ancien président vers une station de radio.
Une vidéo, filmée par un passager à l’arrière du véhicule où se trouvait M. Morales et qui roulait à toute vitesse, diffusée avec le texte montre trois impacts de balles sur le pare-brise ainsi que des saignements sur le crâne du conducteur, tandis que la voix d’une femme terrifiée supplie l’ancien président de « se baisser » pour éviter les tirs.
Quelques heures plus tard, Evo Morales a accusé sur X, devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme, des « agents d’élite de l’État bolivien », dirigé par le président Luis Arce, son ancien ministre de l’économie, d’avoir commis la tentative d’assassinat. Dans une deuxième publication, il a précisé que les personnes cagoulées étaient « des policiers » et qu’« ils sont partis en hélicoptère ».
L’accusation de M. Morales contre son ancien allié, qui a de son côté « condamné » l’attentat et « ordonné une enquête » sur l’incident, vient aggraver la dispute qui les oppose : tous les deux aspirent à diriger le Mouvement vers le socialisme dans la perspective de représenter le parti à l’élection présidentielle de 2025.
Bascule dans l’opposition
Les tensions entre les deux figures de la gauche bolivienne ont débuté dès les premiers jours du mandat de Luis Arce en novembre 2020. L’économiste avait été élu avec le soutien de M. Morales, qui se trouvait alors en exil en Argentine après avoir été contraint de quitter le pouvoir en 2019, et ne pouvait donc pas participer au scrutin.
Mais une fois investi à la tête du pays, M. Arce « a décidé de s’émanciper de la figure tutélaire d’Evo Morales », analyse Gaspard Estrada, politologue de l’unité du Sud Global de la London School of Economics. Il a notamment formé un cabinet ministériel composé de figures plus éloignées de l’ancien président, et a refusé de nommer ce dernier, de retour dans le pays depuis novembre 2020, à un poste au gouvernement.
Depuis, l’ancien dirigeant syndicaliste, interdit de se présenter à la présidentielle par la Cour constitutionnelle, qui a annulé en 2023 une disposition relative à la réélection indéfinie qui lui avait permis de se présenter en 2019, a basculé dans l’opposition. Le 17 septembre, il a même pris la tête d’une mobilisation de 5 000 manifestants qui ont parcouru pendant six jours les 190 kilomètres reliant la ville de Caracollo, dans l’est du pays, jusqu’à La Paz, pour exiger un remaniement ministériel. Selon M. Morales, Luis Arce a plongé ce pays de 12 millions d’habitants dans une crise économique.
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