En Biélorussie, l’opposante Maria Kolesnikova apparaît sur des photos depuis sa prison

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Maria Kolesnikova lors de son audience pour « atteinte à la sécurité nationale, complot en vue de prendre le pouvoir et création d’un groupe extrémiste », à Minsk, le 6 septembre 2021.

Ses proches étaient sans nouvelles d’elle depuis plus d’un an et demi. L’opposante biélorusse Maria Kolesnikova, emprisonnée à Gomel, en Biélorussie, a pu rencontrer brièvement son père, a annoncé l’ancien journaliste d’opposition Roman Protassevitch, mardi 12 novembre, sur Telegram, photos à l’appui. Sur ces dernières, l’opposante apparaît souriante et enlace son père, Alexander Kolesnikov. « J’ai enfin pu la prendre dans mes bras », a-t-il déclaré, mercredi, ajoutant qu’elle était « dans un état relativement normal » mais qu’il ne pouvait pas faire d’autres commentaires, les autorités n’ayant autorisé cette brève rencontre qu’à condition qu’il ne divulgue aucun détail.

La cheffe des forces démocratiques biélorusses en exil, Svetlana Tsikhanovskaïa, s’est dite « profondément soulagée ». « Elle a été détenue au secret pendant plus de six cents jours, affamée et isolée de sa famille. Nous devons maintenir la pression pour briser l’isolement des autres prisonniers politiques et les libérer tous ! », a-t-elle écrit sur X.

En septembre, la sœur de Maria Kolesnikova, Tatsiana Khomich, avait alerté sur son état de santé après avoir eu des nouvelles par d’anciens prisonniers libérés. Selon elle, l’opposante était affamée et privée de soins médicaux. « Ce n’est pas une punition, c’est de la cruauté », avait-elle dénoncé. Après la parution des photos, Tatsiana Khomich a fait part de son soulagement. « Je n’arrive pas à y croire, nous sommes si heureux », écrit-elle, en espérant que « la possibilité de rester en contact avec elle perdurera ».

Procès à huis clos

Maria Kolesnikova, 42 ans, est une figure respectée de l’opposition. En août 2020, elle s’était dressée contre la réélection d’Alexandre Loukachenko à la tête du pays. Le scrutin, entaché de fraudes massives, avait déclenché un mouvement de protestation sans précédent, brutalement réprimé, et poussé à l’exil des milliers d’opposants. En septembre 2020, Maria Kolesnikova a été enlevée par les forces de sécurité à Minsk et amenée à la frontière pour être expulsée. Elle a alors déchiré son passeport pour rester dans son pays, avant d’être emprisonnée.

En septembre 2021, un tribunal de Minsk l’a condamnée à onze ans de prison, notamment pour « complot visant à prendre le pouvoir », « appel à des actions portant atteinte à la sécurité nationale » et « création ou gestion d’une organisation extrémiste ». Le verdict, annoncé à l’issue d’un procès tenu à huis clos, avait provoqué de nombreuses condamnations internationales. Depuis, trois ans ont passé, avant qu’Alexandre Loukachenko déclare, en octobre, qu’il pourrait envisager de gracier l’opposante si elle le demandait. Le père de Maria Kolesnikova a confié, mercredi, qu’il avait discuté avec elle de cette possibilité. « Elle y réfléchit », a-t-il dit.

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