En Argentine, les universités et les instituts de recherche au bord de l’effondrement

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Des centaines de scientifiques, chercheurs et boursiers se sont rassemblés devant le Pôle scientifique et technologique de Buenos Aires, pour exiger la continuité des 1 600 bourses Conicet. En Argentine, le 14 février 2024.

Les universités et la recherche scientifique sont au bord de l’asphyxie. Abandonnées à leur sort par le nouveau gouvernement argentin, elles font face à un manque cruel de moyens alors que la rentrée universitaire commence. En cause : la décision du président d’extrême droite, Javier Milei, de reconduire, pour 2024, le budget de 2023 alors que l’inflation a atteint 276,2 % sur les douze derniers mois. Les conséquences pour l’enseignement supérieur public argentin et les instituts de recherche, dont le Conseil national de la recherche scientifique et technique (Conicet, équivalent du CNRS en France), se font déjà sentir, poussant tout le système vers la paralysie.

Jeudi 14 mars, les cinquante-sept universités publiques du pays avaient fermé leurs portes à l’occasion d’une grève suivie massivement. L’annonce, la veille, par leur nouveau ministère de tutelle, le ministère du capital humain, d’une augmentation de 70 % du budget des universités, à partir de mars et sans inclure les salaires, pour faire face aux coûts croissants n’a pas suffi à calmer les inquiétudes et la colère qui montent depuis plusieurs semaines. « La science n’est pas chère, c’est l’ignorance qui l’est », lit-on sur les panneaux qui émaillent les manifestations du monde scientifique.

« Cela représente une contraction de pratiquement 70 % des budgets dans tous les domaines de l’éducation supérieure », souligne Emiliano Yacobitti, vice-recteur de l’université de Buenos Aires, la plus importante du pays, avec près de 350 000 étudiants tous niveaux confondus en 2022. A la réduction drastique des dépenses de fonctionnement viennent s’ajouter le gel des salaires, qui a fait perdre un tiers de leur pouvoir d’achat aux Argentins en deux mois, et la diminution des bourses de recherche et des budgets des hôpitaux universitaires.

« Disqualifier l’université publique »

Les enseignants, personnels ou étudiants qui ne peuvent plus se rendre à l’université en raison des coûts du transport, l’impossibilité d’assurer l’entretien et la sécurité des locaux ne sont que quelques-unes des difficultés auxquelles vont devoir faire face la recherche et l’enseignement supérieur. « Dans le domaine de la science, il est impossible de se fournir en réactifs, ce qui implique que les projets qui peuvent se poursuivre sont chaque fois moins nombreux », cite Emiliano Yacobitti.

« Il va y avoir une dégradation de la qualité de l’éducation, une chute dans les classements, une perte de valeur des diplômes, une diminution des échanges universitaires », s’inquiète le vice-recteur de l’université de Buenos Aires. « Il va y avoir une dégradation de la qualité de l’éducation, une chute dans les classements, une perte de valeur des diplômes, une diminution des échanges universitaires », s’inquiète le vice-recteur de l’université de Buenos Aires. Il voit dans ­l’action du gouvernement une « stratégie pour disqualifier l’université publique aux yeux de la société puis… soit la fermer, soit la privatiser », en précisant qu’une telle mesure impliquerait une réforme de la Constitution.

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