En Allemagne, les enfants vont seuls à l’école (mais avec une balise GPS)

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L’été d’avant l’entrée de son fils en CP, Anna Clauss, 43 ans, a reçu un courrier de la mairie de Munich, en Bavière, l’encourageant à se mettre en relation avec d’autres parents du quartier. Il leur était demandé d’organiser ensemble le parcours domicile-école de leurs enfants. Avec six familles, cette journaliste de l’hebdomadaire Der Spiegel a mis en place un pedibus. « Nous avons formé un groupe de dix : huit enfants et deux parents pour encadrer la file », explique-t-elle. Le dispositif était encadré par un policier, chargé d’apprendre le code la route aux élèves. Au bout de quatre mois, les copains de CP devaient pouvoir faire le trajet sans adulte.

Laisser son enfant aller seul à l’école est une tradition en Allemagne. Au point que les parents accompagnant leurs enfants en voiture sont appelés « Eltern Taxi » (« parents taxi »). « Et ce n’est pas un compliment, précise Anna Clauss. Cela veut dire que vous êtes un parent trop protecteur. En réalité, beaucoup le font car, en Allemagne, comme partout dans le monde, certains parents ont peur pour leurs enfants. Mais ils ne l’ébruitent pas. Le discours général est qu’il faut apprendre aux enfants à devenir autonomes. »

Posez-leur la question sur les groupes parentalité des réseaux sociaux. Ils vous répondront avec fierté que leurs enfants vont seuls à l’école, dès 7-8 ans, parfois même dès 6 ans. Les nouveaux venus en Allemagne témoignent de leur sidération à la vue d’un petit de cet âge tôt le matin sur son vélo, ou dans un bus. « En arrivant ici de Paris, j’ai été choquée quand mon mari m’a exposé ce concept, déclare Tiffany Yan, mère de deux fils. Aujourd’hui, je le fais en toute sérénité. »

« Confiance dans les pistes cyclables »

Plus que les transports en commun, le trajet à pied ou à vélo est plébiscité, même par mauvais temps. Sur quelques centaines de mètres, deux kilomètres, voire davantage pour les écoles privées, souvent plus éloignées du domicile des élèves que les écoles publiques de quartier. Le matin, à Hambourg, la grande ville portuaire du nord, les pistes cyclables sont prises d’assaut par les écoliers à deux-roues ou à trottinette, cartables fluo sur le dos. Si les parents sont présents pour guider leur enfant en CP (à 6 ou 7 ans, selon les Länder), ils lâchent du lest progressivement, avant de s’effacer totalement pour l’entrée au Gymnasium, le collège, autour de 10 ans.

« Les parents ont confiance dans les pistes cyclables, estime Vianney Guilbaud, le directeur du centre de loisirs de l’école française de Hambourg, en poste depuis 2012. Les enfants vont tout seuls à leurs activités périscolaires, cela facilite la vie des parents. » Lui-même se souvient d’avoir organisé un pedibus avec des voisins, avant de laisser son fils, dès le CP, parcourir les six cents mètres qui le séparaient de son établissement. « Il rencontrait ses camarades sur le chemin, ça faisait transhumance », relate-t-il. La confiance des parents va de pair avec un respect strict du code de la route, de la part des conducteurs et des élèves, qui passent leur permis vélo à 9 ans. Obligatoire dans tout le pays, cet examen est encadré par un policier.

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